A compter d'aujourd'hui, il est interdit de fumer dans les entreprises et tous autres lieux publics en France. Les accros de la nicotine devraient donc sortir dans la rue pour « tirer une taffe ». Dans les collèges et les lycées, l'interdiction s'étend aux cours de récréation. Mais elle ne concernera pas encore les taxis, les chambres d'hôtel et les maisons de retraite. Il faudrait attendre 2008 pour voir cette mesure s'étendre à tous les endroits publics. Autant dire une révolution culturelle qui touchera environ 15 millions de personnes. Et tout employé qui enfreindra la loi s'exposera à une amende de 68 euros (environ 7000 dinars). Les agents de contrôle et d'inspection du travail seront chargés d'appliquer cette loi jugée controversée. Certains des inspecteurs refusent d'ores et déjà de faire le travail de police ou de la chasse aux fumeurs. Mais la guerre contre le tabac en France remonte à plusieurs années. En 1976, Simone Veil fait adopter une loi interdisant la publicité en faveur du tabac, exigeant de mentionner sur les paquets la mention « Abus dangereux sur la santé ». En 1991, le ministre de la Santé, Evin, interdit de fumer dans les hôpitaux, les gares et les aéroports. En 2006, la vente de tabac est proscrite pour les mineurs de moins de 16 ans. En 2007, il est simplement défendu de fumer dans les lieux publics. Et si l'Etat français s'acharne à adopter cette loi, c'est parce que les maladies liées au tabagisme coûtent très cher à la sécurité sociale et qu'il y a urgence à s'attaquer au monde du travail. A cet égard, les chiffres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publiés en 1998 sont éloquents : 40% des fumeurs meurent avant l'âge de la retraite pour seulement 18% de non fumeurs. Les fumeurs courent également 40% de risques d'accidents du travail que les non fumeurs, alors que le surcoût d'un salarié fumeur est évalué à 2300 euros (environ 250 000 dinars). Mais la mesure fait grincer les dents de nombreux fumeurs invétérés qui craignent de ne pas observer la règle. C'est le cas de Karine, qui a déjà essayé plusieurs fois de cesser de fumer, sans succès : « J'ai acheté des patchs et suivi même des thérapies, mais après un ou deux mois d'arrêt, je me remets à fumer. Je sens que mon corps en a besoin. » Karine, responsable des ressources humaines dans une imprimerie, espère que son employeur aménagera une zone pour fumeurs, sinon, estime-t-elle, « je sortirai dehors pour m'en griller une ». Pour accompagner les fumeurs, certaines entreprises vont même jusqu'à octroyer une prime de sevrage de 300 euros (30 000 dinars). C'est le cas d'une coopérative située dans la ville de Renne, qui a décidé d'octroyer une somme d'argent pour pousser ses employés à cesser de fumer, en plus d'un accompagnement psychologique assuré par des infirmières tabacologues. En France, 66 000 décès sont dus au tabac, alors que 29% de population sont accros au tabac contre 26% en 2004. En Europe, c'est en Espagne où l'on fume le plus avec 28% de fumeurs, suivie de l'Allemagne avec 27% et de l'Angleterre (25%). C'est en Suède où l'on fume le moins (16,2%). Paris. De notre bureau