Situation inédite au sein de la Société de fabrication et d'installation de rayonnages métalliques (Sofirm), située au Gué de Constantine (Alger) : deux syndicats se disputent la représentativité des 75 travailleurs, au moment où le processus de privatisation avance dans des conditions contestables. Bouzid Tahar se dit secrétaire général du syndicat, avec à l'appui un PV d'installation signé par l'union locale de Hussein Dey. Dans une lettre adressée, le 4 décembre 2006, à Abdelhamid Temmar, ministre des Participations et de la Promotion des investissements, le secrétaire général, Bouzid Tahar, estime que l'origine du problème réside en la personne du PDG, Bakiri Abderahmane, qui ne veut aucunement entendre raison en ce qui concerne l'application de la réglementation sur divers points : travail, recrutement, promotion et démarches de privatisation. M. Bouzid relève les « agissements » du PDG qui refuse de reconnaître les membres de la nouvelle section syndicale « élue démocratiquement » selon les règles d'usage, tout en affichant sa préférence de travailler avec des syndicalistes dont le mandat est échu. Le syndicaliste accuse le PDG de « détournement, malversation, falsification de documents et mauvaise gestion (rapport transmis au président du SGP le 2 janvier 2005) ». Il reproche, également, au PDG les recrutements « arbitraires » du personnel en favorisant les membres de sa famille. En outre, des cadres mis en retraite continuent, selon la missive, d'exercer des fonctions de responsables à titre contractuel. M. Bouzid affirme, par ailleurs, que la démarche de privatisation entamée en mars 2005 est entachée de graves irrégularités et dépassements, puisque le partenaire social n'y avait pas été associé. Il affirme qu'en septembre 2005, une distribution des fiches de vœux a été faite aux travailleurs de Sofirm, où il est proposé à chacun d'accepter un départ anticipé ou de rester en poste, mais sans faire la moindre proposition sur la 3e option portant sur l'achat des actions. Une réunion a été organisée avec le directoire, le 25 septembre 2005, avec la présence des membres de la section syndicale, de l'union locale UGTA-Hussein Dey et de la fédération UGTA. Il a été décidé de surseoir à la démarche de privatisation menée par le PDG qui n'a pas respecté les dispositions édictées par la réglementation. Durant la même réunion, le président du directoire s'est prononcé en faveur d'une solution obligeant le PDG de Sofirm à reconnaître la section syndicale ainsi que la réintégration de deux cadres syndicaux suspendus de leurs fonctions. En contrepartie, il est fait obligation aux syndicalistes d'accepter la démarche de privatisation proposée par le PDG. Cependant, poursuit le SG, la démarche du président du directoire est restée lettre morte. M. Bouzid ajoute qu'en date du 9 novembre 2006, le PDG, lors d'une assemblée générale des travailleurs sur le dossier privatisation, a proposé à ces derniers une participation qui prend en compte la répartition catégorielle comme suit : catégorie 1 à 9, participation individuelle de 30 000 DA, catégorie 10 à 13, participation individuelle de 50 000 DA, catégorie 14 à 17, participation individuelle de 100 000 DA. Le PDG de Sofirm, Bakiri Abderahmane, contacté par nos soins, a d'emblée dénié la légalité du syndicat que préside Bouzid Tahar, étant donné que le tribunal de Hussein Dey l'a débouté, en 2006, dans 5 affaires en justice. Le PDG affirme que ce syndicat repose sur la « désignation » et non l'« élection ». Ainsi, pour M. Bakiri, Bouzid Tahar n'a plus le droit de parler au nom du syndicat de Sofirm, en vertu de la loi régissant les libertés syndicales. Pis, ajoute le PDG, Bouzid Tahar est poursuivi au niveau du tribunal pénal d'El Harrach pour « détournement du matériel de l'entreprise ». Le responsable de Sofirm ajoute qu'un bureau syndical existe et jouit du soutien de 75% du collectif des travailleurs, tout en reconnaissant que ce bureau n'a pas été renouvelé depuis les années 1990. « Cela ne dépend pas de moi, mais des instances syndicales concernées », a-t-il expliqué. Il a indiqué que « l'agitation de Bouzid Tahar avait commencé dès le lancement de l'opération de la privatisation ». Le PDG souligne que le processus de privatisation est géré directement par la SGP. « Je ne fais qu'exécuter les instructions de la SGP », a-t-il conclu.