Dans la commune chef-lieu de wilaya de Annaba, il n'existe pratiquement plus la moindre parcelle de terrain à bâtir où d'extension de certaines structures d'intérêt public. C'est la crise du foncier. Elle s'est répercutée sur la réalisation des différents programmes de logements et celles des équipements publics. Plusieurs dizaines de projets n'ont pas été lancés alors que d'autres, dont les travaux ont été entamés, se trouvent confrontés à un problème de contentieux. Quelque 3800 logements sur un programme de 5000 entre LSP et Social prévus pour être lancés sur différents sites de Annaba, sont en souffrance. Les travaux de 1200 autres à Pont Blanc et ailleurs avancent difficilement. Leur réalisation est à la charge, pour une grande partie, de l'Office de gestion et de promotion immobilière (OPGI) et l'Entreprise de promotion du logement familial (EPLF). Cette préférence des autorités locales à retenir ces deux entreprises publiques se justifie par la manipulation des prix à la vente que pratiquent certains promoteurs privés bénéficiaires des programmes de réalisation dans un cadre ou un autre (Fnpos-LSP-Social). Un bénéfice sous-entendant d'importants avantages dont la réduction de 80% sur le prix au m2 du terrain à bâtir, les exonérations d'impôts, la priorité en matière d'approvisionnement des chantiers… Tous ces avantages sont balayés de la main par la plupart des promoteurs immobiliers au contact des candidats au LSP, Fnpos ou Social. Pour prétendre bénéficier des avantages prévus par l'Etat, les promoteurs ne doivent en aucun cas dépasser le prix plafond fixé à 2 millions de dinars le logement F 3. Ce qui n'est pas le cas. Au contact des demandeurs, plusieurs de ces promoteurs n'hésitent pas à demander 2 millions de dinars à déclarer officiellement et 500 000 autres DA à verser dans le cadre du système « dessous de table ». Le principe « du à prendre ou à laisser » est largement appliqué, compte tenu de la forte demande. « Je suis disposé à vous céder un logement au prix de 2,5 millions de dinars. Dans votre intérêt, et pour vous permettre de bénéficier de l'aide financière de l'Etat, le contrat que nous signerons conjointement sera établi au montant de 2 millions de dinars », explique un de ces promoteurs à un jeune marié venu le solliciter pour l'achat d'un LSP. Bien que notoirement connu pour sa rapacité et pour ce qui s'apparente à du racket, ce type de promoteur continue de sévir en toute impunité. « Que voulez-vous faire lorsque le demandeur de logement donne son accord sur le prix de 2,5 millions de dinars alors qu'il sait que le prix du logement auquel il aspire et de 2 millions de dinars ? A ce jour, nous n'avons reçu aucune plainte ; c'est pourquoi nous sommes dans l'impossibilité d'intervenir », a indiqué un responsable à la wilaya. Dans les prochains mois, le wali reprendra une nouvelle fois le chemin des projets de réalisation de logements à travers les 12 communes de la wilaya de Annaba. Ses visites d'inspection et de contrôle effectuées les 2 derniers mois de l'année 2006, ne semblent pas avoir eu d'impact sur l'état d'avancement des travaux. En sera-t-il autrement cette fois-ci ?