A Aïn Beïda, l'ex-cité culturelle, la gastronomie s'est subrepticement substituée à la lecture. Les lieux du savoir, en l'occurrence les librairies, ont été reconverties en restaurants, fast-foods, pizzerias, et que sais-je encore ! Qu'est-ce qui s'est produit dans l'esprit des gens pour perdre aussi subitement le goût de lire, d'apprendre de s'éduquer ? « Quand le ventre est rassasié, la tête chante ! », nous lance un citoyen désabusé. Pourtant, nous vivons un temps où rien ne manque, où personne, ce nous semble, ne meurt de faim. Qu'est-ce qui fait donc qu'on a perdu le goût des arts, de la littérature, du théâtre et du cinéma ? Changement des mœurs ? Abandon du champ culturel au profit de la gastronomie, de la gourmandise ? Manque de lieux propices à développer les choses de l'esprit ? Comme avancé plus haut, il y a plus de restaurants et de pizzerias à Aïn Beïda que de librairies, bibliothèques ou autres lieux culturels. La culture gastronomique s'est développée au détriment du spirituel ou culturel. Même la « littérature gastronomique » a supplanté sa consœur spirituelle. Il y a plus de livres qui contiennent des recettes de cuisine que de romans et d'essais.