C'est en début d'après-midi que le tribunal criminel de Blida a repris le procès Khalifa dans son volet lié à la caisse principale, après deux semaines de délibérations. La salle d'audience ne pouvait contenir le nombre d'avocats, de journalistes et les membres des familles des accusés. Le suspense et l'angoisse se lisaient sur le visage de ces derniers. La présidente insiste pour faire « une lecture intelligente » des questions-réponses de chacun des 94 accusés présents dans la salle. Ainsi, l'accusation d'association de malfaiteurs n'est retenue que contre Djamel Guellimi, inspecteur général de Khalifa Airways en France et directeur général de Khalifa TV, ainsi que Issid Idir Mourad, l'ancien directeur de l'agence Staouéli de la BDL, lesquels ont été condamnés respectivement à 15 ans et 12 ans de réclusion criminelle assortie d'une amende de 1 million de dinars. Dix ans de prison sont retenus contre Rahal Omar, le notaire, le seul condamné à avoir bénéficié des circonstances atténuantes. La même peine est prononcée contre Akli Youcef, le caissier principal, Chaâchouâ Abdelhafid, le patron de KGPS, avec la saisie de sa villa de Chéraga, Guers Hakim, directeur de l'agence d'Oran, Aziz Djamel, directeur de l'agence d'El Harrach (avec la saisie de sa villa à El Achour), Chaâchouâ Badreddine, directeur des moyens, Mir Oram, directeur de l'agence de Chéraga, Kechad Belaid, directeur de l'agence de Blida, et Soualmi Hocine, directeur de l'agence des Abattoirs. Pour chacun des accusés, une amende de un million de dinars est retenue. Le caissier adjoint à la caisse principale, Chebli Mohamed, est condamné à 8 ans de prison et une amende de un million de dinars. Par ailleurs, cinq peines de 5 ans de prison et une amende de un million de dinars sont prononcées contre Nekkache Hamou, directeur général de la comptabilité, Boukadoum Karim, responsable de Khalifa Airways, Mekadem Tahar, responsable du sponsoring et ancien directeur de l'agence de Blida, Foudad Adda, commissaire divisionnaire et directeur de l'école de police de Aïn Benian, et Jeddidi Tewfik, directeur de l'agence de la Caisse nationale de retraite (CNR) pour Oum El Bouaghi, contre lequel un mandat de dépôt à l'audience a été décidé. Deux peines de 4 ans de prison ferme et une amende de un million de dinars sont retenues contre Boubedra Hassène, directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale des non salariés (Casnos), et Kerrar Slimane, directeur financier de la CNR, avec un mandat de dépôt à l'audience pour les deux condamnés. Huit peines de trois ans de prison ferme et une avec sursis, et une amende de un million de dinars sont retenues contre Ghouli Mohamed, directeur adjoint de l'agence des Abattoirs, Ighil Meziane Ali, avec la saisie de sa villa à Chéraga, Arifi Salah, directeur financier de la CNR, et Chaâchouâ Ahmed (le père des Chaâchouâ), lequel bénéficie du sursis. La même peine, mais avec un mandat de dépôt à l'audience est prononcée contre Meziani Abdelali, président du conseil d'administration de la CNR et secrétaire national de l'UGTA, Menad Mustapha, directeur financier de la Cnas, Bennaceur Abdelmadjid, directeur général de la Cnas, Benchefra Ahmed, directeur général de l'OPGI de Constantine, et Benâameur Farid. Douze peines de deux ans de prison, dont cinq avec sursis contre Abdelwahab Réda, garde du corps de Abdelmoumen Khalifa, Mir Ahmed, inspecteur général d'El Khalifa Bank, Larbi Salim, steward de Khalifa Airways (avec sursis), Dahmani Noureddine (avec sursis), Zerrouk Djamel, directeur général de Khalifa Airways, Ameghar Mohamed Arezki, Mimi Lakhdar et Sekkara Brahim, les deux commissaires aux comptes d'El Khalifa Bank, Aggoun Lhadi, l'acheteur de la villa de Chaâchouâ Abdelwahab (avec la saisie de sa villa achetée et située au village des Artistes, à Zéralda), Benouis Lynda, directrice de la monétique (avec sursis). Un an de prison avec sursis est prononcé contre Meziane Betahar Meziane, directeur technique de Khalifa Médicament, Boukerma Hakim, agent de sécurité, et Lahlou Toufik. Les amendes retenues pour chacun des condamnés se situent entre 500 000 DA et 5000 DA. Par ailleurs, le tribunal prononce 50 relaxes contre, entre autres, Toudjene Mouloud, directeur général adjoint de la comptabilité, Fayçal Zerrouki, de l'agence de Blida, Yacine Ahmed, directeur général de Digromed, Bourayou Nadjib et son associé Benhadi Mustapha, patrons de la société algéro-espagnole, Leouche Boualem, directeur du juridique d'El Khalifa Bank, Sedrati Messaoud, Bensahoua Mohamed Rachid, Bourkaib Chafik, directeur de Antinéa puis de Khalifa Airways, Hadadi Sid Ahmed, Medjiba Rachid, directeur des télécomunnications à Khalifa, Jean Bernard, directeur d'exploitation à Antinéa, Bensouda Samira (Mme Hadjillali), directrice de Khalifa TV à Alger, Sbiri Mehdi, Mohamed Belekbir Omar, gérant de Khalifa Imprimerie, Djaout Mustapha, chef de service technique, Belkacem Rahal, directeur des moyens généraux à Khalifa Airways, Laâgoune Majda, commercante, Bouamar Mahfoud, Zââmoum Zineddine, Tchoulak Mohamed, Berber Ahmed, Yesli Yahia (les quatre de la mutuelle des P et T), Belarbi Salah Hamdane, président du conseil d'administration de la mutuelle de la Sûreté nationale, Ouandjeli Mohamed, Telli Safi, Meziani, Benmohand Ouali, Si Amour Said, Smati Bahidj Farid, Bourahla Hamid, Sahbi Daoud, Rahal Reda, Asila Ali, Amarouchane Amar, Boulefrad Bouabdellah, Berkat Benachir, Telemçani Mohamed Abbas, Miloudi Benyoucef, Benahmed Abdelhakim, Ouail Abdelhamid, Keireddine El Oualid, Ait Belkacem Mahrez, directeur général de la Caisse nationale de chômage (CNAC), Aichar Rachid, Bensetta Ali Tayeb, Belhachemi Khadouja, Boucenna Noureddine, Bacha Said. Pour tous ceux qui ont bénéficié de la relaxe, le tribunal a exigé la restitution de leurs passeports. Après cette lecture et le départ des deux membres du jury dont la mission est terminée, la présidente lit la procédure de contumace à l'encontre de onze accusés en fuite : Abdelmoumen Khalifa, Amirouchane Nadia, son épouse, Keramane Abdelwahab, ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Keramane Abdenour, Keramane Yasmine, Kebbache Ghazi, Tayebi Sakina, Salim Moulay, Nanouche Mohamed, Baïchi Fouzi et Krim Smaïl. Elle passe à la constitution de la partie civile, contre les mis en cause. Dans son réquisitoire, le procureur général a demandé la perpétuité, la peine maximale, pour les onze. Pour le magistrat, ces accusés ont constitué la toile d'araignée représentée par Abdelmoumen, pour dilapider les fonds des sociétés publiques et ceux des déposants en les faisant sortir de la caisse principale dans des sacs. Il révèle que selon le liquidateur, le préjudice a été évalué à 77 milliards de dinars, et les entreprises publiques ont perdu, à elles seules, 1,5 milliard de dollars. « La justice leur a accordé deux mois pour se présenter, en vain. Mais le fait qu'ils ne soient pas venus, prouve leur culpabilité. Vous avez tous relevé qu'aucun des accusés n'a été poursuivi pour corruption, alors que Abdelmoumen est poursuivi pour ce délit. C'est lui le corrupteur. » Le procureur général requiert alors la perpétuité en se basant sur l'article 382-10 du code pénal. La décision du tribunal à l'égard des accusés en fuite sera donc connue aujourd'hui. Des avocats ont annoncé que de nombreuses sociétés se sont constituées partie civile pour poursuivre surtout Abdelmoumen Khalifa et Keramane Abdelwahab, en tant qu'ex-gouverneur de la Banque d'Algérie. Parmi ces derniers, se trouvent les avocats de Ijerouidan, ancien propriétaire de Antinéa, la mutuelle des P et T, le CTC de Chlef, des petits déposants, ainsi que de nombreuses autres sociétés publiques. A signaler que le tribunal n'a retenu comme préjudice que celui causé à El Khalifa Bank et non à l'Etat.