Que ce soit dans le chef-lieu de wilaya ou dans les onze autres communes, l'environnement s'est totalement dégradé. Exception faite du ramassage des ordures ménagères, les activités des services communaux tournent au ralenti. L'approche des élections législatives et locales semble obnubiler les esprits des élus. Ce n'est pas le sauve-qui-peut, mais à qui amasserait le plus d'atouts dans sa manche pour assurer sa députation ou sa réélection à l'Assemblée populaire de wilaya ou communale. Les manipulations des institutions et organes sensibles se multiplient. Les élus en fin de mandat abandonnent totalement leur population. A Annaba, cet abandon a été bien ressenti par les 350 000 habitants. Pas un seul quartier ou cité n'est épargné par le mauvais état des routes, des passages piétonniers, la déficience de l'éclairage public, les eaux stagnantes, les conduites d'évacuation des eaux usées obstruées, la multiplication des chats et chiens errants, des rongeurs et des moustiques. Depuis le début de l'année, tout un chacun des habitants de cette grande cité a l'impression que Annaba n'a plus d'élus. Les commis de l'Etat ont bien tenté de faire face à la situation en assumant certaines tâches traditionnellement dévolues aux communes. Ils ont également rappelé à l'ordre les élus défaillants. Avec les dernières pluies, cette situation s'est davantage aggravée. Elle est devenue pratiquement intenable et invivable. L'absence de la police de l'urbanisme a encouragé les constructions illicites, les dépôts de gravats partout et n'importe où, les infractions aux normes urbanistiques, les eaux usées et les travaux sans permis de passage de conduites d'eau potable se sont multipliés. L'anarchie bat son plein dans une wilaya où, à travers des statistiques, les responsables parlent de bonne maîtrise de l'environnement et de relance efficace de la machine socioéconomique. L'opération coup-de-poing pour l'éradication des marchés informels que la population a largement applaudie, s'est avérée, une nouvelle fois, un trompe-l'œil. Que ce soit à la Colonne, Oued Eddeheb, cité FLN, Didouche Mourad, Vieille Ville, Plaine Ouest, Oued Forcha, ces marchés ont réapparu. Pis, leurs animateurs sont beaucoup plus nombreux qu'ils ne l'étaient auparavant. Les parkings anarchiques créés par de véritables truands, en majorité des drogués, sont partout, sans que les services de sécurité trouvent à redire. En ce début d'année 2007, en l'absence des élus et autres responsables, la commune de Annaba est à la dérive. « Vous passez votre temps à écrire que tout va pour le mieux à Annaba, alors que la situation a atteint le point de non-retour. C'est à croire que vous avez des œillères pour ne pas voir. L'environnement se dégrade chaque jour un peu plus, témoigne le rush sur les structures de santé de la wilaya. Les statistiques de ces structures sur la hausse des MTH sont révélatrices de l'abandon total en matière de prise en charge du quotidien des habitants », estime, dans une correspondance adressée à notre rédaction, Abdelhamid S., un habitant de la cité Plaine Ouest.