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Entre incivisme, anarchie et manque de moyens
Bouira
Publié dans La Tribune le 28 - 05 - 2008


De notre correspondant à Bouira
Nacer Haniche
La semaine dernière, l'APC de Bouira a célébré, en compagnie de la direction de l'environnement, la Journée mondiale de la biodiversité qui coïncide avec le 22 mai de chaque année. Une initiative louable pour certains observateurs, compte tenu du fait que la journée a été consacrée au «programme Agenda 21 local» adopté par les Nations unies depuis le sommet de la Terre tenu à Rio de Janeiro en 1992. Cette rencontre, qui s'est déroulée au niveau de la salle Errich de Bouira, a regroupé plusieurs élus, des membres du mouvement associatif, des cadres et des spécialistes dans le domaine. Ces derniers ont réitéré une fois de plus l'idée de développement durable pour une ville propre, tout en respectant l'environnement, dans le but d'améliorer la propreté de la ville et le cadre de vie des citoyens, par la création d'activités permanentes telles que la protection du milieu urbain, le nettoyage des lieux publics, la création d'un commerce équitable et la vulgarisation d'un tourisme écologique avec une gestion rationnelle des espaces naturels, comme les espaces verts, les jardins publics, les forêts et les cours d'eau environnants avec leur faune et leur flore.
Le cas de la ville de Bouira a été au centre des débats, du fait que ce chef-lieu de wilaya souffre, depuis des années, de l'entassement des décharges sauvages, engendré par le ramassage anarchique des déchets et autres détritus jetés pêle-mêle par les citoyens, ainsi que par le risque de pollution qui nécessite de grandes mesures pour la préservation des espaces naturels tels que la forêt d'Errich, située dans la banlieue ouest de la ville, et l'oued Hous qui longe la commune du côté sud-est, lequel se déverse dans le barrage de Tilesdit. Ces espaces constituent un milieu faunistique et floristique le plus important de la comme de Bouira. Cependant, sur le terrain, d'aucuns pensent que la protection de l'environnement et l'amélioration des conditions d'hygiène dans lesquelles vivent les citoyens sont loin d'être réalisées. L'actualité ne cesse de relever certains comportements, qui sont malheureusement très répandus à travers les différentes localités de la wilaya, où l'on constate de jour en jour une prolifération inquiétante de décharges sauvages, sans que les autorités locales interviennent pour mettre fin à ces nouveaux pollueurs. Plusieurs sites sont ainsi devenus des lieux favorables à la prolifération des rats, des insectes nuisibles et autres animaux errants tels que les chats et les chiens, lesquels représentent une menace réelle pour la santé du citoyen, le paysage et l'environnement urbain.
A côté de cela, en matière de dégradation des conditions d'hygiène et d'atteinte à l'environnement, il exise un exemple édifiant, cité à plusieurs reprises dans la presse et qui, malheureusement, n'a pas encore fait bougé les autorités locales. Il s'agit de la forêt qui longe la route reliant la ville de Bouira au village Ras Bouira, celle-ci ou ce qui semble être une bande verte est l'objet depuis des années d'une dégradation continue de la part des pollueurs (des citoyens et des chauffeurs de tracteur), qui agissent dans l'impunité la plus totale en déversant quotidiennement des tonnes de déchets de toutes sortes, des détritus et des gravats sur le bas-côté de la route. Par l'incivisme, ils ignorent ce que préconise l'Agenda 21 ou mesure de protection de l'environnement, et choisissent la fin de journée pour accomplir leur acte sans souci. Certains responsables ont indiqué que la commune n'a pas les moyens de mettre fin à ces agressions continues contre la nature. Les pouvoirs publics se limitent souvent au ramassage des ordures ménagères, au nettoyage des lieux publics et de quelques centres urbains.
Par ailleurs, dans d'autres wilayas, des entreprises se sont créées et contribuent, en collaboration avec les pouvoirs publics, à la protection de l'environnement ou du moins à l'amélioration des conditions d'hygiène en milieu urbain, ce qui a ouvert, par ricochet, des opportunités d'emploi à de nombreux chômeurs. Cependant, dans la ville de Bouira, qui compte près de 100 000 habitants, tout le poids de la salubrité est supporté par les services communaux aux moyens dérisoires, avec un potentiel humain limité. Quant à l'initiative privée, elle reste timide, alors qu'on a appris que certains jeunes, ayant tenté de créer leur entreprise dans le domaine, ont buté sur des tracasseries administratives et autres embûches causées par des organismes financiers. C'est le cas de l'entreprise privée créée par M. C., dans le cadre de l'ANSEJ, ayant pour activité «l'hygiène, l'entretien et la lutte contre les insectes nuisibles». Avant de se lancer, son propriétaire indique avoir rencontré beaucoup de difficultés de la part des banques, lesquelles avaient refusé au départ de financer le projet. Il lui a fallu des allers-retours entre les différentes administrations et des démarches auprès des banques pour bénéficier du crédit ; le refus, selon elle, des banques, est dû au fait qu'«un tel projet dirigé par une femme n'allait pas réussir». Et d'ajouter, même les démarches faites auprès des hautes autorités n'ont pas convaincu facilement les responsables des banques.
Après l'avis favorable, cette femme a été confrontée au refus des entreprises publiques et d'autres organismes de proposer du travail à son entreprise.


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