Jack Lang avait une solution pour décrisper les relations entre l'Algérie et la France. Et donc relancer le traité d'amitié. Alger exige des excuses pour les crimes commis en Algérie durant la période coloniale avant de signer le traité d'amitié désiré par les deux présidents. « La meilleure façon de s'excuser est de reconnaître la réalité des crimes qui ont été commis par la colonisation en Algérie de 1830 à 1962 », a déclaré le conseiller spécial de Ségolène Royal, à l'issue d'une conférence donnée à Alger, à l'invitation de l'Institut des études stratégiques globales. A l'issue de près de deux heures d'entretiens avec le président Abdelaziz Bouteflika, à qui il a remis un message de la candidate socialiste, Jack Lang propose une alternative aux excuses et signale que sa candidate souhaite que les rapports entre Alger et Paris deviennent une « référence dans les relations entre le Nord et le Sud ». « Il faut réformer les manuels scolaires français qui présentent une histoire idyllique du colonialisme et décoloniser les mentalités. Il y a un devoir de réparation historique à l'égard de l'Algérie », note Jack Lang, soulignant qu'il appartenait à la « génération anti-colonialiste, qui s'était opposée à Guy Mollet (Président du conseil socialiste au début de la guerre d'Algérie en 1956) et à la guerre d'Algérie ». La droite s'est saisie du sujet et a laissé déverser sa colère. Le ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, se démarque des propos de Jack Lang. « Méfions-nous de la mauvaise conscience et de la repentance permanente. Tout cela est lié au raidissement de la mémoire, au souvenir nécessairement douloureux de la colonisation. Mais regardons vers l'avant. 74% des Algériens ont moins de 25 ans. Il faudrait maintenant tourner une page et arriver à regarder l'Algérie comme un partenaire d'égal à égal », remarque le locataire du Quai d'Orsay, sans expliquer l'origine de ce raidissement. Il en veut pour preuve le manque de dynamisme économique entre les deux pays, faisant allusion au vaste programme de privatisation des entreprises publiques lancé par les autorités algériennes. « Les Américains, les Britanniques, les Espagnols et autres étaient sur les rangs, alors que les Français n'arrêtent pas de se battre la coupe. » De nouveau prisonnier de son ancienne famille politique, François Bayrou s'attaque à Jack Lang avec les mêmes arguments que le parti majoritaire (Ump, droite). « Chaque fois qu'on essaie d'instruire le procès, en injuriant ou en insultant ceux qui ont donné leur vie, qui ont participé à un effort dont je rappelle qu'il était l'effort de la République et spécialement de la gauche, on creuse à nouveau les blessures du pays », note le candidat centriste. Le FN, se saisit aussi du sujet pour alimenter la polémique. « Si M. Lang entend par là les regrets que nous devrions avoir vis-à-vis de l'Algérie, c'est une opinion crapuleuse, c'est scandaleux de dire cela. Si la France a à demander des comptes, elle doit le demander à ceux qui ont permis le départ dans la ruine d'un million de Français métropolitains », déclare Jean-Marie Le Pen, qui tait la politique de la terre brûlée pratiquée par l'OAS. L'Algérie est bien entrée dans la campagne présidentielle française.