Mohamed Chérif Abbas, ministre des Moudjahidine, et Saïd Abadou, secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), dénoncent en chœur les propos du premier diplomate français, Philippe Douste-Blazy et ceux d'autres politiciens français relatifs au passé colonial. Rencontrés en marge d'une réunion du bureau national de l'ONM à Alger, MM.Chérif Abbas et Abadou se disent d'emblée ne pas « être surpris » par de tels propos, parce que « nous connaissons l'état d'esprit de ces colonialistes ». « Ils oublient que l'Algérie est indépendante. C'est regrettable », lâche M. Abadou qui appelle les Français à travailler avec l'Algérie dans « le respect mutuel ». Pour lui, il s'agit d'une manière de faire pression sur l'Etat algérien. « Mais qu'ils sachent que l'Algérie est plus que jamais forte... surtout avec l'application de la charte pour la réconciliation nationale et le programme de développement économique », précise-t-il. M. Abadou ne doute pas qu'« aujourd'hui, c'est (plutôt) la France qui a besoin de l'Algérie ». Le traité d'amitié ne pourra être signé, indique-t-il, que s'il y a acte de repentance. « Qu'ils reconnaissent d'abord leurs crimes coloniaux », martèle M. Abadou avant de condamner « la montée de l'esprit colonialiste ». En plus de la reconnaissance des crimes coloniaux, l'ONM exige l'abrogation de la loi du 23 février glorifiant le rôle de la présence française outre-mer et notamment dans l'Afrique du Nord. Comme elle demande à la France d'indemniser l'Algérie pour tout ce qu'elle a fait pendant 132 ans de colonisation. « Les juifs - qui ont été indemnisés par l'Etat allemand après avoir fait son acte de repentance - ne sont pas mieux que nous. Les Français non plus », ajoute-t-il, tout en souhaitant que les Français revoient leur position pour que le processus de ratification de ce traité d'amitié avance. Pour M.Chérif Abbas, le traité d'amitié est tributaire de la résolution de certaines problématiques liées au passé colonial. Lundi dernier, le représentant personnel du président Bouteflika a appelé les Français à assumer leur passé colonial, conditionnant, lui aussi, la signature du traité d'amitié par une demande de « pardon » de l'Etat français au peuple algérien pour les crimes commis en Algérie depuis 1830. La polémique entre Alger et Paris sur le passé colonial a été provoquée par l'adoption, le 23 février 2005, par le Parlement français, d'une loi évoquant les bienfaits de la colonisation française notamment au Maghreb.