L'objectif du club, qui comprend plusieurs adhérents, se veut un pont indissociable entre les compositeurs poètes et les interprètes de chaâbi, de jeunes talents désireux de porter en musique le verbe ourlé et raffiné en prose ou en vers. « La poésie, à mes yeux, a toujours été investie d'une importance capitale. Elle est l'expression de la mémoire par excellence, celle où la quintessence des mots atteint sa plénitude sous la forme la plus compacte », nous dit le président de l'association Ahla El Kalam, Mohamed Yacine Bouchareb. Et de poursuivre : « Les jeunes chanteurs en herbe se plaignent de l'absence de qcid nouveaux, alors que notre association offre l'opportunité pour ces derniers pour prendre langue avec les auteurs poètes. » Nous avons comme preuve les porteurs d'une mémoire collective que sont les poètes de qcid Ali Naït Chaâbane, Messaoud Tayebi, Sid Ahmed Oudinèche et autre Kamel Cherchar qui avait écrit pour Nasreddine Galiz et le regretté Kamel Messaoudi. Sensibles aux images de notre monde, ces poètes populaires puisent dans un univers aussi varié que riche avec une vision contemporaine. Ils mettent en avant l'héritage arabo-musulman et ses richesses et le legs de l'art berbère. Leurs œuvres abordent, dans une poésie courtoise, des thèmes polarisant autour notamment de la société, ses maux et travers, l'identité vagabonde, le patrimoine ainsi que la femme dont le regard est sujet à une image galvaudée, estime Yacine Bouchareb, considérant qu'il y a « un hiatus entre les textes qu'on écoute et la réalité (…). On mêle le vrai à l'imaginaire ». L'association, qui a organisé trois conférences durant l'année 2006 autour du soufisme, de la littérature et de la poésie populaire, compte multiplier les rencontres somme toute édifiantes, et ce, à travers des récitals poétiques avec comme objectif majeur : bâtir une écriture dont le souci est d'élever le niveau des textes portés en musique par des voix de chaâbi.