De notre correspondant à Constantine Nasser Hanachi Le mois du patrimoine (18 avril-18mai) sera, selon ses organisateurs, un autre regard sur la richesse patrimoniale à pérenniser. Ce sera l'occasion de mettre en valeur les acquis historiques de Constantine. En parallèle, des opérations de sauvegarde avec des taux d'avancement divers s'effectuent encore sur des sites altérés ou «vieillis». L'heure est à la préservation du patrimoine même si ce dernier aura cumulé autant d'atteintes. Le patrimoine culturel matériel à Constantine connaît une frénésie sans pareille pour sa préservation. Plus qu'un engagement, c'est un pacte que les responsables devraient sceller pour prendre sérieusement en charge cet acquis dans une ville à la dimension culturelle et historique avérée. Les services locaux ont adhéré à la politique adoptée par le ministère de la Culture pour l'inventoriage, la réhabilitation, la préservation et l'exploitation du patrimoine et y apportent même leurs suggestions. «Le patrimoine n'est pas seulement l'affaire de la direction de la culture ou du ministère de tutelle, mais c'est une préoccupation qui devrait émaner, par-dessus tout, du citoyen», devait dire le directeur de la culture de wilaya. Une appréciation certes objective, mais devant le manque accru de prise en charge de ce legs, de surcroît altéré ces dernières années par la bêtise humaine et le laisser-aller de l'administration locale, la majorité des citoyens affiche une démission totale. Le manque de civisme par exemple aura été pour beaucoup dans la destruction de la médina. Sans oublier les écorchures que le palais du bey a subies avant sa restauration. Ainsi, les multiples sentences de la tutelle ont amené la cité millénaire à réagir pour préserver ces espaces historiques, symboles et témoins du passage de plusieurs civilisations. Et, bien que Constantine ait perdu des pans entiers de son patrimoine, comme en témoignent les bâtisses détruites dans la vieille ville, une étape de reconstitution y est engagée pour sauver ce qui reste d'une médina n'ayant que trop souffert de l'indifférence et du massacre. Mellah Slimane recouvre peu à peu sa physionomie à travers les chantiers de la première phase de réhabilitation qui concerne 13 habitations. Le visage de la vieille ville commence à prendre forme, en attendant sa totale remise en l'état avec le arachèvement de l'opération de restauration et de réhabilitation avec la deuxième et la troisième phase qui devront bénéficier d'un budget conséquent. Toujours en matière de restauration du patrimoine, le palais du bey, futur centre des arts populaires et traditionnels, aura été récupéré après plus d'un quart de siècle de chantier… Il devra rouvrir ses portes, selon toute vraisemblance, le 16 avril prochain, date coïncidant avec la journée du savoir. Selon des échos locaux, c'est le président de la République qui devrait l'inaugurer et, par là même, il est attendu qu'il donne des orientations pour ranimer ce joyau qui devrait abriter des expositions et d'autres manifestations comme l'enseignement de l'histoire. Cela dépendra aussi en grande partie des intentions de l'Office culturel local. La restauration du patrimoine s'élargit aussi en dehors du chef-lieu. A Beni Hmidane, le site archéologique de Tiddis, connaît, lui aussi, une restauration qui suit son chemin cahin-caha. Dernièrement, 20 millions de dinars ont été alloués aux premiers travaux d'urgence qui visent notamment sa préservation. «Si ce n'était l'action quasi permanente d'une association portant son nom, ce lieu historique aurait été effacé», reconnaissent les citoyens. Questionné à ce sujet, le wali de Constantine dira : «C'est un site qui mérite autant d'attention que de soins. Il faudra une démarche minutieuse pour le sauvegarder et le mettre en valeur. Point de place pour des travaux d'aménagement de bricolage.» «Un bureau d'études de renom s'occupera de sa future conception», ajoutera le premier responsable de la wilaya. Pour le directeur de la culture, des fouilles devraient être entreprises sur le site de Tiddis pour y exhumer ce qui reste, et il y en a beaucoup, estimera-t-il. Le tombeau de Massinissa au Khroub devrait bénéficier d'autant d'égards, mais il semble avoir été oublié par la réhabilitation pour demeurer l'éternel témoin de l'amnésie et du laisser-aller qui ont fait tant de dégâts…