Même si divers facteurs tendent à réduire l'Algérie à une peau de chagrin, il est des chercheurs en sciences sociales déterminés à en produire de la connaissance, sur son immensité géographique et l'espace-temps du patrimoine de la société. En planchant sur une thèse de doctorat d'Etat portant sur le thème « La communication par le mythe. Contribution à l'analyse du discours de la télévision algérienne sur le territoire ; cas du Tassili Azdjer et du Hoggar », Kamel Sadou, enseignant chercheur à l'Université d'Alger, contribue fort utilem Quelle est la singularité de la gestion territoriale de cette région, classée patrimoine universel par l'UNESCO ? Kamel Sadou : Si la volonté de l'Etat dans la formulation de son discours politique met en avant un pays virtuel, le territoire, lui, est le point d'ancrage du réel et met en jeu les résistances et les refus, mais aussi la nature réelle de l'Etat dans ses incohérences, sa vacuité, voire, malheureusement, souvent ses méfaits. Dans ce rapport entre la virtualité du discours et la réalité de l'espace territoire, les médias apparaissent dans leur fonction de contrôle et de préservation de l'homéostase selon la formule d'Escarpit. Contrôle du réel par la mainmise sur le système des médias, remis en cause par les NTIC, contrôle de l'imaginaire par la diffusion de représentants et de discours sur le territoire mythifié, sacralisé, « désincarné ». Les territoires du Tassili et de l'Ahaggar ont d'autant plus de raisons d'être mythifiés qu'ils sont en discordance par rapport au discours dominant qui propose une représentation monolithique de l'Algérie, de sa culture et de son territoire. Les deux territoires du Tassili et l'Ahaggar sont classés dans le patrimoine mondial de l'UNESCO. Ils occupent respectivement 25% de la wilaya d'Illizi et 68% de la wilaya de Tamanrasset. Classés l'un et l'autre comme « Parc National », ils couvrent à eux deux une superficie de 452 0000 km2.Les bouleversements induits par les méfaits d'une conception bureaucratique et uniformisés du développement ont provoqué de véritables désordres écologiques et humains. Peut-on pour autant considérer les impératifs d'occultation de cette réalité comme la source de la persistance des clichés et des stéréotypes dans la représentation contemporaine du Tassili et de l'Ahaggar dans les médias nationaux ? Depuis les années 80, ces territoires sont insérés dans l'espace national grâce à un réseau routier, aéroportuaire et téléphonique moderne. Depuis les années 90, ces régions bénéficient des connexions, quelques fois peu fiables il est vrai, sur les réseaux Internet. Il est donc pertinent de s'interroger sur la persistance de cette vision mythologique du Tassili et de l'Ahaggar malgré l'existence de moyens de transport et de communication facilitant l'accès à ces régions et malgré l'émergence d'un nouveau « territoire » contemporain et complexe. L'évolution des pratiques socio spatiales dans le Tassili et l'Ahaggar indique une érosion de la mémoire, qui s'accompagne d'un phénomène observé de méconnaissance du désert des jeunes générations de Touareg sédentarisés. Différentes formes de syncrétisme culturel ou d'ambivalence identitaire apparaissent dans les pratiques culturelles et sociales associées à l'espace. L'expression la plus spectaculaire de l'évolution du rapport à l'environnement est l'apparition de tendances de plus en plus visibles à la prédation et au gaspillage des ressources de la part de populations dont la civilisation et la survie étaient fondées sur une relation symbiotique à l'environnement. Votre objectif de recherche est d'analyser le discours de l'ENTV, produit en deux décennies, sur le Tassili et l'Ahaggar : qu'en est-il des réalités des médias dans cet espace ? Kamel Sadou : Une approche formelle de l'organisation des médias en Algérie peut laisser croire à l'existence de stations de radio et de télévision locales. Cependant une analyse du système des médias nous indique que les « stations régionales et locales » sont inscrites dans un rapport de hiérarchie avec la centrale d'Alger, que les gestions éditoriales sont soumises à une double contrainte de la hiérarchie et du wali, représentant de l'Etat. Notons que l'une des rares productions télévisées nationales est consacrée à la fête traditionnelle de la Sebeïda à Djanet ainsi qu'aux sites de l'Asskrem et d'Abalessa. La sebeïda est traversée par des influences antéislamiques. Interdite puis réhabilitée, elle est aujourd'hui confondue avec l'Achoura, qui est une importante fête musulmane, et transformée en un produit touristique. L'Asskrem, quant à lui, tend à devenir un haut lieu du tourisme religieux chrétien. Au plan de l'organisation des médias, le territoire du Tassili et de l'Ahaggar sont couverts par une station régionale de télévision de Ouargla (ex chef-lieu de préfecture des Oasis durant la période coloniale). Les chefs-lieux des wilayas d'Illizi et de Tamanrasset disposent d'un point de correspondance. Il existe aussi une radio locale (radio Tassili) basée à Illizi et une autre (Radio Ahaggar) basée à Tamanrasset qui émettent sur FM quelques heures par jour et qui dépendent de l'antenne régionale de la chaîne I arabophone de l'ENRS. Ces deux radios émettent en en arabe et en tamahaq et elles possèdent un réseau de correspondants à travers les différentes communes des deux wilayas. 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