Le tribunal correctionnel de Paris a mis, jeudi, en délibéré au 15 mars prochain son jugement dans le procès des caricatures du prophète Mohammed publiées par Charlie Hebdo. Paris : De notre bureau Le journal satirique est poursuivi pour « incitation à la haine raciale » et « injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion », par la Grande Mosquée de Paris, l'Union des organisations islamiques de France et la Ligue islamique mondiale. Le parquet a requis la relaxe de Charlie Hebdo et de son directeur Philippe Val. Le substitut du procureur, Anne de Fontette, a estimé que les caricatures relevaient de la liberté d'expression et ne s'en prenaient pas à la religion musulmane, mais à l'intégrisme. « L'intégrisme ne désigne pas tous les musulmans », a dit, jeudi, la représentante du ministère public. « Ce qui est en évidence dans ces caricatures, ce n'est pas l'obscurantisme supposé de la religion musulmane, son prosélytisme ou encore ses défauts, c'est la dénonciation de l'utilisation qu'en font les terroristes qui prétendent agir en son nom », a-t-elle dit. Auparavant, les avocats des plaignants ont estimé que la revue satirique s'était rendue coupable d'injures raciales en assimilant les musulmans aux terroristes. Ils ont soutenu qu'ils n'entendaient pas s'en prendre à la liberté d'expression ou établir un délit de blasphème, mais dénoncer ce qu'ils considèrent comme du racisme. Me Christophe Bigot, l'un des avocats de la Grande Mosquée de Paris, avait fustigé un acte « parfaitement » réfléchi de la part de Charlie Hebdo, poussant à provoquer « la peur du musulman ». Selon un autre avocat, Me Francis Szpiner, « ces caricatures inacceptables véhiculent un message qui porte atteinte à la dignité des musulmans par la pratique de l'amalgame, prémices aux ratonnades et au délit de sale gueule ». Par ailleurs faisant référence au soutien apporté à Charlie Hebdo par les candidats à l'élection présidentielle Nicolas Sarkozy (UMP) et François Bayrou (UDF) et par le premier secrétaire du PS, François Hollande, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a déploré la politisation du procès et souhaité que la plainte reste ce qu'elle est, « un acte de provocation créant l'amalgame entre terrorisme et Islam », selon Dalil Boubakeur, son président qui a estimé que « l'Islam de France ne conteste pas le droit de caricaturer le Prophète ou de critiquer l'Islam. Nous ne faisons pas davantage le procès de la liberté d'expression. Nous refusons que les musulmans soient insultés et assimilés à des terroristes. »