Le Snapap a organisé, jeudi dernier, au complexe touristique Adim de Zemmouri (Boumerdès), un séminaire entrant dans le cadre de sa campagne de sensibilisation sur les dessous et les dangers du nouveau statut de la Fonction publique. La rencontre, qui a été organisée avec l'appui de la Fédération américaine des travailleurs et le Congrès des syndicats industriels (AFL-CIO), tous deux membres du centre américain pour la solidarité syndicale internationale, a vu la participation d'une trentaine de cadres des syndicats, appelés à assurer le rôle de formateurs, aux côtés d'invités de marque, à l'image du docteur Kadour Chouicha, qui a donné une communication sur les risques contenus dans le projet de la nouvelle loi fondamentale de la Fonction publique. Le Snapap a relevé une soixantaine d'articles du nouveau statut de la Fonction publique qui « posent de réels problèmes pour l'avenir des travailleurs », insiste-t-on. Ce syndicat note que ce texte consacre et élargit la précarité « à travers la généralisation de la contractualisation de la relation de travail » (Art. 19). Comme « il vise la division des travailleurs à travers la répartition des fonctions en 4 groupes, eux-mêmes scindés en sous-groupes » (Art. 8). Le Snapap décèle dans ce texte « un refus manifeste de considérer la liberté d'expression comme une liberté fondamentale » en citant l'article 26 qui stipule que « la liberté de penser est assurée pour le fonctionnaire dans les limites du devoir de réserve qui lui sont imposées ». Là le professeur Chouicha intervient pour souligner que « c'est une aberration de dire qu'un fonctionnaire a la liberté de penser. » Ce qui signifie que dans l'absolu, il faut avoir l'autorisation, le feu vert pour réfléchir, fait-il remarquer. « Les pouvoirs publics persistent à travers l'article 48 en assimilant toutes les informations que risque de donner un fonctionnaire dans le cadre de sa mission de service public comme relevant du secret professionnel. » Ce syndicat, tout comme le docteur Chouicha, souligne « l'intention claire de faire de l'UGTA le seul syndicat au niveau du conseil supérieur de la Fonction publique à travers l'utilisation de la notion de représentativité à géométrie variable ». Le refus de laisser les fonctionnaires participer à la gestion de leur carrière, l'ambiguïté entretenue sur la présidence des commissions paritaires, la volonté manifeste d'exclure les opposants de toutes les instances en faisant valoir la notion de représentativité, les possibilités de licenciement sans préavis que laisse cette loi sont autant de problèmes que soulève le Snapap. Le docteur Chouicha a attiré l'attention des syndicalistes sur la terminologie utilisée par le législateur « qui n'est pas neutre », insiste-t-il. Il dit, à titre d'exemple, que désormais le droit de grève est régi, en plus de la législation, par la « réglementation ». Ce qui est une menace en soi. Surtout lorsqu'on sait que le seul moyen de lutte en Algérie demeure la grève. Pire, le nouveau texte consacre un rapport de dominant-dominé, dit-il, car si avant, le fonctionnaire devait se comporter avec « correction et courtoisie », maintenant c'est devenu « avec courtoisie et déférence ». En somme, les participants à ce séminaire tirent la sonnette d'alarme et appellent les travailleurs à une plus grande mobilisation pour défendre leurs droits. Laurène Cleaur, représentant le Centre de solidarité américain, et dont la présence a quelque peu décontenancé les services de sécurité qui se sont dépêchés à l'hôtel où se tenait la réunion « pour un complément d'information sur son identité », a déclaré pour sa part qu'il n'y a que la lutte et l'union qui payent. Abordant le volet politique, elle a souligné que son organisation, qui vient d'ouvrir un bureau à Alger, s'inscrit contre la politique étrangère adoptée par les républicains et qu'elle est contre l'invasion de l'Irak.