A l'occasion de sa visite, samedi 3 février, au siège du Centre culturel algérien (CCA) à Montréal, une association communautaire tenue par des Algériens, Smaïl Benamara, l'ambassadeur d'Algérie au Canada, a reproché à la communauté de ne pas s'intéresser à l'anglais et de rester cantonnée dans la province du Québec, particulièrement à Montréal. « Apprenez l'anglais et testez la mobilité », a-t-il martelé. Cette visite intervient aussi quelques jours après que la province francophone se soit réveillée en se découvrant « raciste » à près de 59% de sa population (7,6 millions en 2006) à la faveur d'un sondage des plus biaisés et après une campagne médiatique des plus acharnées où il ne faisait pas bon d'être étranger, particulièrement arabe ou musulman. Le conseil municipal d'une petite bourgade de 1300 habitants, Hérouxville, dans la région de la Mauricie, a édicté un code de vie pour les immigrants qui, chose peu probable, s'installeraient dans son village. Entre autres normes, ce code interdit « l'aménagement de locaux de prière… de tuer les femmes par lapidation sur la place publique ou en les faisant brûler vives ». Il affirme, en outre, qu'il est impératif de « se montrer à visage découvert en tout temps dans les lieux publics. La seule exemption possible à cette règle se produit à l'Halloween ». Un des conseillers municipaux de ce village, André Drouin, a même été invité à l'émission dominicale de la télévision de Radio Canada, « Tout le monde en parle » (une copie de la défunte émission de France 2). Il a demandé au Premier ministre du Québec de décréter l'« état d'urgence » pour protéger la culture québécoise. Le diplomate algérien s'est toutefois défendu de vouloir vider la province du Québec de ses immigrants algériens qui ont été classés les premiers en apport de nouveaux arrivants aux 6 premiers mois de 2006, la langue française étant la principale raison du choix du Québec par les Algériens qui émigrent au Canada. Il a rappelé qu'il a fait cette déclaration après l'intervention d'un représentant du CCA qui a présenté le bilan de son association dans le domaine de l'aide à la recherche d'emploi. Un thème au centre de toutes les préoccupations, vu la quasi-fermeture du marché aux immigrants. Smaïl Benamara a été invité par le CCA à l'approche du 8e anniversaire du lancement de ses activités qui doit avoir lieu en avril prochain. Une rencontre à laquelle ont été conviés des représentants d'autres associations algériennes activant dans la métropole québécoise et à laquelle a assisté le consul général d'Algérie à Montréal, Abdelaziz Sebaâ. Ce dernier vient juste de rencontrer, il y a quelques jours, les représentants de ces associations afin de leur présenter les vœux pour le nouvel an hégirien et les informer que le consulat met à leur disposition ses locaux pour certaines de leurs activités. Intervenant à l'invitation d'Ahmed Mahidjiba, président du CCA, Smaïl Benamara s'est dit disposé à aider cette association et toutes les autres. « Je suis ici pour vous réitérer notre disponibilité à vous aider du mieux que l'on peut, le consul général et moi. (...) J'apprécie vos activités parce que votre valeur fondamentale est le travail, ce que nous partageons avec vous. » Le diplomate a remis au CCA un lot de livres d'apprentissage de l'arabe et de tamazight pour les besoins de ses classes de langues. Des livres envoyés par le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid. On se rappelle qu'en mai 2006, Smaïl Benamara avait omis de citer le CCA lors de sa première rencontre avec les Algériens de Montréal…