Le RCD semble vouloir adopter une nouvelle stratégie politique : la rupture avec le radicalisme d'antan en appelant à un dialogue pluriel. Le discours prononcé par Saïd Sadi à l'ouverture des travaux du troisième congrès de son parti, tenu jeudi dernier à Alger, est annonciateur d'une « révolution » dans la position du parti. Le message était on ne peut plus clair. « L'Algérie de demain » que conçoit Saïd Sadi ne peut se réaliser sans la participation de toutes les sensibilités politiques du pays. La priorité, a-t-il soutenu, est de favoriser le dialogue afin de converger vers une « issue consensuelle à la crise profonde qui secoue le pays ». « C'est sur cette démarche qui transcende la douleur pour installer l'apaisement que nous entendons débattre ici et que nous souhaiterions être entendus. Celles et ceux qui vivent dans et avec notre peuple savent que nos compatriotes recherchent désormais une issue consensuelle à une histoire tourmentée », a-t-il lancé devant ses militants. Mais un dialogue avec qui ? A qui s'adresse l'invitation du leader du RCD ? Pour les observateurs de la scène nationale, le discours « assagi » de Saïd Sadi n'aurait pas pour objectif d'inviter le pouvoir à la conclusion « d'un armistice ». La manière avec laquelle il a critiqué le régime actuel plaide pour cette lecture. Saïd Sadi a dressé un sévère réquisitoire contre le pouvoir et sa politique ayant « encouragé la corruption, la fraude électorale et l'exclusion ». Le RCD ne semble pas, également, prêt à répondre à une éventuelle invitation à la participation au gouvernement et rééditer l'expérience de 1999. « Il faut d'abord répondre aux deux questions suivantes : pourquoi participer au gouvernement ? Et avec qui ? », a déclaré Saïd Sadi à la fin des travaux dudit congrès. Pour lui, la proposition du RCD vise à ouvrir une nouvelle voie politique. L'invitation de Sadi s'adresse, selon ses dires, à toute la classe politique nationale. « Le RCD ne peut pas apporter seul les solutions. Nous avons, à travers ce congrès, fait un constat de la situation et proposé des solutions. Nous attendons un travail similaire de tous les partis », a-t-il estimé. La démarche prônée ainsi par le RCD se base beaucoup plus sur la participation partisane. « L'invitation est ouverte à tous les partis politiques, y compris les islamistes qui croient en l'Etat de droit et les principes de la Constitution », a-t-il expliqué.