Face aux projets « communautaristes et anti-laïques », pour un « tout petit nombre » de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal a promis, lors d'un meeting à Paris mardi 6 février une France « diverse, multiple, colorée, métissée et pourtant très française » qui « sait être fidèle à ses valeurs, protectrice de tous les siens et ouverte sur le monde. » Elle a critiqué les « mots terribles » du ministre de l'Intérieur qui, le 22 avril, avait conseillé à ceux qui « n'aiment pas » la France de la « quitter ». « Savez-vous que ce slogan a été emprunté à la droite américaine du temps de la guerre du Vietnam ? » « La France de demain, comme celle d'hier, se nommera diversité », a-t-elle lancé. Par ailleurs, en matière d'immigration, Ségolène Royal accuse Nicolas Sarkozy de « tourner le dos aux valeurs d'accueil et de tolérance. » « La politique dite d'immigration choisie tourne le dos aux valeurs d'accueil et de tolérance de notre société » , affirme la candidate socialiste qui se proclame partisane d'une « immigration partagée », à l'adresse de Nicolas Sarkozy. « La multiplication des obstacles administratifs n'empêche pas l'immigration clandestine », dit-elle. Dans une réponse à l'association France Terre d'Asile publiée jeudi, la candidate socialiste développe son orientation et ses propositions relatives à l'immigration. « Fermer la porte aux immigrés serait nous condamner au déclin ». Suit un bémol : « Nous ne pouvons, pas plus que nos voisins, ouvrir purement et simplement nos frontières sans créer des déséquilibres économiques et sociaux insupportables, notamment une forte pression à la baisse sur les salaires. » « L'immigration pose dans tous les pays développés des questions difficiles qui doivent être traitées sans démagogie », explique Mme Royal. S'agissant des sans-papiers, Ségolène Royal réitère son refus d'une « régularisation globale », qui viendrait « alimenter les filières d'immigration clandestine ». Elle préconise une régularisation basée sur plusieurs critères : « durée de présence » en France, « attaches personnelles », « scolarisation », « possession ou promesse d'un contrat de travail ». Elle veut aussi rétablir le système de régularisation automatique au bout de dix années de présence illégale, supprimé par la loi Sarkozy de juillet 2006. Ségolène Royal promet par ailleurs un « réexamen » des dossiers des « ni-ni », ces personnes « ni expulsables ni régularisables ». Sur le droit d'asile, Ségolène Royal réclame une « augmentation » du nombre de places dans les centres d'accueil pour demandeurs d'asile et des moyens supplémentaires pour assurer leur accompagnement social et juridique. Elle juge « trop longs » les délais d'examen des demandes d'asile par l'Ofpra, (Office français de protection des réfugiés et apatrides). Elle n'exclut pas d'ouvrir un droit au travail pour les demandeurs d'asile « le temps de la procédure », pour « ne pas les enfermer dans la précarité ». Enfin, Ségolène Royal réclame un « moratoire » et une « négociation européenne » sur le concept européen du « pays d'origine sûr », introduit en droit français en 2003. Il permet de renvoyer un demandeur d'asile dans son pays d'origine si celui-ci est considéré comme respectueux des droits de l'homme. En juin 2005, l'Ofpra avait dressé une liste de douze pays « sûrs », auxquels sont venus s'ajouter cinq nouveaux pays en mai 2006. Cela a abouti à limiter le nombre de ressortissants demandant le droit d'asile en France. « Nous voyons bien que cette liste ne répond pas à l'obligation de respect de l'Etat de droit et de protection des droits humains, qu'il y figure des Etats où la protection des libertés n'est pas pleinement assurée », explique la candidate.