Des grands ensembles et des cités semblent sortir d'un autre âge. Les décharges à ciel ouvert ont pris la place des espaces verts, qui n'ont existé finalement qu'une fois, sur les belles maquettes ; des lampadaires sans éclairage, des fils électriques à même le sol, ayant fait et faisant plusieurs victimes ; des parkings sauvages, les moustiques carnassiers, les agressions, la boue et bien d'autres choses pas belles à voir. Tel est le quotidien de plusieurs cités (pour ne pas dire toutes) de la capitale des Aurès et de ses habitants, qui en sont en partie, sinon dans leur grande majorité, responsables. Outre ces saletés, qui étoffent la cité Amirouche, des jeunes s'y autoproclament vigiles, et, de fait, gardiens du parking, où la surveillance est obligatoire. Un locataire a eu maille à partir avec cette bande de jeunes, et ils l'ont alors agressé. En d'autres termes, « C'est moi qui garde, sinon c'est moi qui casse ». Le père de famille agressé a porté plainte, mais rien ne semble perturber les pratiques de ces gangs de la nuit. les lieux d'habitation ne sont plus un cadre de vie, comme ils devraient l'être, mais un lieu de misère et de peur au quotidien. Plusieurs cités sont logées à la même enseigne : Sonatiba, 20 Août, Cité des 1020 Logements, 1200, cité 800, etc. Une pétition étayée par des photographies a été envoyée au procureur de la République, mais les locataires de la cité Amirouche ne se font pas beaucoup d'illusions, car auparavant, il y avait eu déjà d'autres plaintes, suite à des agressions plus graves encore, mais qui sont restées sans suite. Chose qui semble encourager les visiteurs de la nuit à redoubler de férocité et à faire la loi dans ces cités. M. Nabil, locataire à la cité Amirouche nous explique que les habitants, sont pris dans une sorte de spirale. Notre interlocuteur reconnaît cependant que les premiers responsables de cette situation sont les locataires eux-mêmes. Les chouhada méritent mieux Il ajoute que si les habitants étaient organisés pour se regrouper en association, ou au moins en voisins, comme ils l'avaient fait à l'époque pour installer la parabole, les voyous de tous bords ne viendraient pas les importuner, les lieux seraient respectables. Il nous fait remarquer que le sang du mouton du dernier Aïd n'a pas été lavé, et que les murs des bâtiments portent encore des traces. Ce qui est dangereux pour la santé, notamment pour les enfants. Les différentes cités de la capitale des Aurès se partagent les mêmes choses : la saleté, l'absence des espace verts, le manque d'éclairage public, les parkings sauvages et les vides sanitaires transformés en marécages. De temps en temps, quand les habitants de tel ou tel bloc insistent, des agents de l'OPGI viennent vider et nettoyer ces lieux à haut risque, lesquels se remplissent dans la semaine qui suit. On parle après de canalisation défaillante, mais quand on voit la vitesse de remplissage, on se demande si la canalisation existe. Un peu partout dans nos cités-dortoirs (ou dépotoirs, sauf votre respect), des citoyens sont propriétaires du logement, d'autres des locataires, et à la moindre réclamation, on leur fait comprendre que ce n'est plus à la charge de l'Etat. On comprend mieux pourquoi les cages d'escalier sont autant de « casse-figures », les poteaux électriques transformés en toboggans, et les portes d'entrée des immeubles n'existent plus. Ammi Ahmed, habitant de la Cité 1020, ne désespère pas de voir un jour les locataires rejoindre son association de bon voisinage, mais en attendant, il souhaite, en tant qu'ancien maquisard, que l'on rebaptise certaines cités qui portent les noms de nos glorieux martyrs, car, pour lui, « c'est indigne ce qui se passe aujourd'hui dans les cités pour ces hommes valeureux, qui méritent mieux. »