C'est dramatique : l'on se tue aussi à Tlemcen. De plus en plus. Avec fracas, mais dans la pudeur. On part douloureusement, comme cela. En catimini. Volontairement. Sans préavis. Une sorte de respect à une société qui ne sait toujours pas ou ne veut pas sentir l'odeur de la mort, en dépit des alertes. On part en silence, comme pour s'excuser de ne plus pouvoir vivre en communauté. En 2006, ils étaient 102 jeunes personnes, dont l'âge varie entre 15 et 20 ans, à avoir attenté à leur vie, en ingurgitant des produits chimiques. 12 d'entre eux n'ont pas échappé à leur acte désespéré. La foi humaine ne pouvait résister à la cruauté des maux sociaux et des conflits familiaux. Raisonnement fataliste ? Peut-être…Quand des tuteurs obstruent la route du bonheur, sous différents prétextes, à deux jeunes de sexe différent, ces derniers, au lieu du verre de lait de l'union sacrée, ils absorbent de l'acide. Quand un père de famille est incapable d'assurer le pain et le lait quotidiens à ses petits, en guise d'un bon café salvateur, il avale des barbituriques. Quand…. Quand… Et à Tlemcen, on meurt aussi de honte de ne pouvoir assumer son statut de père, de mari, de frère. De… Au fait, on meurt plutôt de honte de vivre. Dans la cité de Sidi Boumediene, on est classé deuxième, après la wilaya de Tizi Ouzou dans la « compétition » du suicide. Triste record qui s'ajoute à celui des accidents de la route et de la criminalité… Nouvelles pratiques qui collent, malgré nous, à nos mœurs. Qui faut-il blâmer ? Le destin n'y est peut-être pas pour grand-chose. Que Dieu me pardonne !