Lors d'une conférence de presse, organisée hier au siège à la maison de la presse, Cheikh Naâm, le Raiman aux 109 albums, a plaidé pour l'envoi d'une commission d'enquête ministérielle afin de clarifier la gestion et l'utilisation des fonds alloués par l'Etat pour une relance effective de l'activité culturelle dans la cité de la Mekerra. « Ce qui se passe à Sidi Bel Abbès, ville d'art et de culture, est inacceptable. Des hommes de talent, connus et reconnus à l'échelle nationale, sont marginalisés et poussés vers la porte de sortie dans l'anonymat », lance Mokhtar Hanitet, comédien et musicien. Selon les conférenciers, les exemples ne manquent pas : « Cheb Yacine et Cheb Mimoun, des précurseurs de la chanson Raï passent aujourd'hui pour des inconnus dans leur propre ville, faute d'espaces et d'aides de la part des pouvoirs publics », s'emporte Hanitet, entouré des musicologues Assou et Haddidi ainsi que d'une vingtaine d'artistes peintres, écrivains et comédiens de théâtre. Dénonçant « l'aculture des responsables du secteur », le collectif dit « faire face aux pressions de tous genres dont il est victime et qui paralysent en même temps le développement de la culture à Sidi Bel Abbès. » Parmi les causes de ce mécontentement, on retiendra également « la non participation de bon nombre d'artistes » à la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe » dont le coup d'envoi a été donné en janvier dernier. « Comment peut-on concevoir que des chanteurs, peintres et comédiens se fassent évaluer par des administratifs qui décident de leur participation ou non à une manifestation de cette envergure », s'étonne-t-on. D'autant plus, selon eux, que le comité de sélection était composé de deux personnes, la directrice de la Culture et le chef de daïra ! Grogne Pour le collectif, il est urgent de réactiver le comité consultatif pour la culture et de tracer des objectifs clairs pour relancer l'activité culturelle, tout en associant le maximum d'artistes et d'hommes de culture. « Il est temps de tirer le signale d'alarme. Nous n'allons pas rester les mains croisées. A partir de là, on va créer un petit noyau et on va attendre la réaction des pouvoirs locaux. Sinon on saisira la ministre de la Culture et s'il le faut le président de la République. On voit que la culture ne cesse de dégringoler à Sidi Bel Abbès par la faute de quelques opportunistes qui détiennent des associations et qui veulent mélanger amours et tambours ». Le collectif des artistes annonce en outre « ne plus collaborer avec la direction de la Culture » et lance un appel aux élus et responsables locaux afin qu'ils assument « leurs responsabilités et trouvent une solution rapide à cette crise majeure, en concertation désormais avec l'ensemble des artistes de la ville ».