Cette ferme est livrée à elle-même, depuis que le ministère de l'Agriculture l'avait abandonnée. Elle dépend aujourd'hui directement du Groupe de développement des semences et plants (GDSP) implanté à Tadmaït (Tizi Ouzou). Celui-ci dépend à son tour d'un holding, la SGP Développement agricole, dont le siège se trouve à Alger. L'effectif du personnel permanent de cette ferme agricole à l'agonie est de 14 fellahs, le nombre de saisonniers atteint jusqu'à 30 emplois, selon les campagnes. Les travailleurs se débattent dans une situation dramatique depuis 6 mois. La hiérarchie n'a pas trouvé mieux, pour remettre cette grande ferme agricole en marche, que de changer le gestionnaire, en affectant un nouveau cadre. En vain. Habituellement cette ferme produit 120 ha de céréales. Pour cette année, la production de céréales ne dépasse pas 50 ha. Les arbres fruitiers, les agrumes et la vigne sont tous abandonnés en raison de la bureaucratie et l'inexistence de moyens. En dépit de l'existence d'une plaque rouge qui interdit les décharges des ordures et des amas de gravats, des camions à benne de l'APC de Hadjout et d'autres entreprises déversent en toute impunité les tonnes d'ordures sur les terres fertiles de cette ferme agricole qui n'avait pas connu cette situation, quand elle dépendait de la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya de Tipaza. Le représentant des fellahs grévistes nous fait savoir qu'ils n'ont plus de quoi payer la pièce de rechange pour leurs machines, et, plus grave, ils n'ont plus de quoi payer la facture d'électricité, cette énergie qui faisait marcher le forage. « Sachez que nous n'avons plus rien pour acheter seulement une baguette de pain pour nos enfants. Nous ne sommes plus en mesure de leur acheter les articles scolaires. Nous marchons des kilomètres parce que nous ne pouvons plus payer le transport. Nous vivons dans la misère, nos enfants ne mangent plus à leur faim. Il est difficile pour nous de supporter cet enfer », diront les fellahs rencontrés sur place. Et d'ajouter : « Nous sommes des employés depuis 20 ans mais nous n'avons pas été payés depuis 6 mois. Personne ne daigne s'intéresser à notre sort. » Les fellahs de cette ferme agricole, implantée à Hadjout, ont préféré recourir à la grève, une action qui se passe dans l'indifférence absolue. Y a-t-il des visées qui se profilent à l'horizon pour détourner cette superbe terre agricole ? Une question qui mérite réponse.