Cette étendue, qui se situe à l'ouest de la Mitidja, est considérée comme étant à haute potentialité agricole, compte tenu de ses rendements et de ses performances dans le passé, ce qui n'est malheureusement pas le cas, notamment ces derniers mois. Cette terre agricole, qui ne demande qu'à être exploitée, est devenue Entreprise unique à responsabilité limitée (EURL) depuis 1998. Depuis cette date, cette ferme agricole pilote ne dépend plus des services agricoles de la wilaya de Tipaza, mais du GDSP (groupement de développement des semences et plants), qui, à son tour, est rattaché à la SGP/Développement agricole. La superficie utile agricole (SAU) est estimée à 196 ha. Sa production s'articulait autour du champ pied mère (matériel végétal vigne), d'une pépinière vigne (vigne de table, vigne de cuve), des céréales de multiplication et de l'arboriculture (agrumes, poiriers, vigne de table). Cette ferme agricole pilote emploie une vingtaine de fellahs, plongés à présent dans le désespoir. Des saisonniers ont toujours été recrutés pour faire face à la demande de la saison de pointe, notamment pour l'arrachage et la plantation des pépinières, et la période des moissons. Cette superficie à haute potentialité agricole qui produisait 75 q/ha de céréales arrive aujourd'hui à produire difficilement 36 q/ha. Le GDSP, qui n'est que la tutelle de cette ferme pilote agricole, se trouve à Alger. Il s'approvisionnait en matériel végétal vigne, mais avait cessé de le faire depuis 2002. Cette ferme agricole pilote, qui était une référence pour la Direction des services agricoles (DSA) de la wilaya de Tipaza qui, de surcroît, réalisait un chiffre d'affaires qui dépassait 20 millions de dinars, est réduite, ces derniers mois, à l'immobilisme, en raison du règne bureaucratique. Mais comment expliquer actuellement l'indigence et la précarité des fellahs de cette ferme qui produisait 100 q d'agrumes à l'hectare, 90 q de vigne de table à l'hectare et 100 q de poiriers à l'hectare ? Sur 120 ha de céréales habituellement exploités, ne restent à l'heure actuelle que 50 ha en production. Certains fellahs que nous avons pu rencontrer, nous ont affirmé qu'ils n'arrivent plus à percevoir leurs salaires. Ils nous ont invités à visiter l'immense étendue en désuétude, agressée et défigurée par les constructions et commerces illicites, par la prolifération des ordures et des gravats. L'état de cette terre de la plaine de la Mitidja, considérée autrefois à haute potentialité agricole, est aujourd'hui dramatique. Toutes nos démarches pour rencontrer la gérante de cette ferme agricole, qui vient d'être affectée par les responsables du GDSP, sont demeurées vaines. « Elle ne vient pas tous les jours à Hadjout », nous confie un fellah. « Elle habite à Blida », ajoute-t-il avec amertume. Les constats des institutions de l'Etat relatifs à la déliquescence de ce « grenier » n'ont suscité jusqu'à présent aucune réaction.