Dans son édition datée du 7 février 2007, le quotidien El Watan publie une déclaration du commandant Azzeddine, dans laquelle ce dernier affirme qu'en 1958, j'avais fait l'objet d'une condamnation à mort de la part du FLN, sans préciser ni par quelle autorité cette condamnation aurait été prononcée ni le ou les motifs qui en auraient constitué la justification. Une fois de plus, ressurgit, par la voix d'un ancien responsable du FLN, la fameuse allégation sur ma prétendue « désertion » suivie de ma condamnation à mort au sein de l'organisation FLN relevant du commandement général de la wilaya d'Oran, CGWO (Wilaya V) au Maroc. Je rappelle que j'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer à ce sujet à deux reprises : la première fois à travers le livre intitulé Le hasard et l'histoire que j'ai rédigé sous la forme d'entretiens avec le regretté Mahfoud Benoune et le sociologue bien connu Ali El Kenz (voir pages 139 à 146 du tome I de ce livre) la deuxième fois, dans le quotidien L'Authentique daté du 17 octobre 2001. En fait, de quoi s'agit-t-il ? Le 1er mai 1958, me révoltant contre le comportement, à mon égard, de Laroussi Khelifa, incrusté dans les structures de la Wilaya V au Maroc, après avoir été l'agent et le protégé du sénateur Cavallet et du ministre Bernard Lafay en France, j'avais décidé de quitter, bien entendu sans autorisation, la villa qui nous servait de camp à Oujda, dans l'espoir de rejoindre Rabat où je pensais retrouver des membres du CCE que je connaissais : Ramdane Abane et Abdelhamid Mehri. J'imaginais leur présence dans la capitale marocaine, après la tenue de la conférence maghrébine qui venait d'avoir lieu à Tanger. J'ignorais, évidemment, le sort réservé au frère Ramdane Abane près de six mois auparavant. Ayant rencontré, dans les rues de la ville d'Oujda, l'homme qui nous servait d'agent de liaison avec le commandement général de la wilaya d'Oran (CGWO) assumé alors par le colonel Boumediène et, en raison de mon refus de le suivre pour me rendre auprès de ce dernier, je fus arrêté par la police marocaine. Je passais, ainsi, le reste de la journée du 1er mai dans une prison marocaine. Au début de la nuit, je fus remis à l'organisation de la wilaya, vers minuit, le colonel Boumediène vint me trouver dans la nouvelle villa où je fus conduit, après ma « récupération » de la part des autorités marocaines. D'emblée, le colonel Boumediène tint à m'assurer, sur son honneur d'officier de l'ALN, qu'il ne m'arrivera rien et que, dès que j'aurais fourni les explications nécessaires sur mon acte d'indiscipline, je pourrais aller où bon me semble. De fait, moins d'un mois après ma sortie du camp d'Oujda, j'avais été désigné comme représentant du FLN à Tanger, avant d'être appelé en juillet 1958, soit trois mois à peine plus tard, auprès du CCE au Caire, par Abdelhamid Mehri, pour m'occuper des questions relatives aux étudiants. Par ailleurs, pendant mon séjour dans la villa où je fus placé, après ma récupération de la prison marocaine, j'avais reçu la visite de certains responsables de la Wilaya V venus tous s'enquérir de ma santé et de ma situation. Ce fut ainsi que je fis la connaissance du frère Ahmed Kaïd, plus connu sous le nom de commandant Slimane. En outre, l'élément de l'ALN, sous la garde duquel je pensais avoir été placé et que j'avais présenté dans l'un de mes écrits comme ayant été mon « geôlier », me précisa, des années plus tard, qu'à aucun moment, il n'avait été avisé qu'il assumait un tel rôle auprès de moi et que, durant toute la période que nous avions passée ensemble, les responsables du commandement de la wilaya ne cessaient de lui recommander de me réserver les égards les plus attentionnés. Tel a été le sort du « condamné à mort » que j'aurais été en 1958, selon les propos de monsieur Azzeddine. Certes, je n'ignorais aucunement que, par mon geste, je prenais un risque certain par rapport aux règles de discipline imposées par le CGWO (Commandement général de la wilaya d'Oran). Mais, en tout état de cause, si, pour m'être « rebellé » contre Laroussi Khelifa, j'avais, peut-être, encouru une condamnation à mort, je m'en réjouis très volontiers et je me crois même fondé à revendiquer cet acte avec fierté. Cet individu, qui avait réussi, comme tant d'autres de ses émules, à s'incruster dans les structures du FLN en guerre, était un parfait imposteur. L'incident qui m'a opposé à lui n'a été, en définitive, qu'une anticipation sur d'autres actes de sa part mettant en évidence sa véritable nature, celle d'un personnage sans scrupules, animé par le désir de parvenir à tromper ceux qui lui font confiance. Il n'hésita pas, notamment, à arguer de diplômes universitaires qu'il ne possédait pas, afin de se prévaloir auprès des responsables du FLN. L'arnaque, que son rejeton a perpétrée au détriment de l'Algérie et qui fait l'objet du procès se déroulant actuellement devant le tribunal de Blida, se situe bien dans la continuité des agissements malfaisants accomplis par celui qui se faisait passer pour le maître-espion du FLN et qui, faut-il vraiment le rappeler, n'est autre que le père du fondateur escroc de l'éphémère et calamiteuse « El Khalifa Bank ». Alger le 17 février 2007