L'Académie des arts et des sciences du cinéma a sélectionné deux films américains consacrés à l'Irak et très critiques à l'égard de la politique de Washington : Iraq in Fragments et My Country, My Country. Figurant parmi les cinq finalistes pour l'Oscar du meilleur documentaire qui sera décerné le 25 février, les deux documentaires se retrouveront en concurrence avec un sérieux favori : le plaidoyer antiréchauffement climatique d'Al Gore Une vérité qui dérange. James Longley, le réalisateur de Iraq in Fragment, a passé deux ans en Irak où il a tourné 300 heures d'images. Son objectif était d'appréhender les effets de la guerre sur les Irakiens moyens. Au final, le film de trois séquences de 30 minutes, est un portrait saisissant d'un pays aux prises avec les horreurs de la guerre qui fait des victimes chaque semaine. Ce jeune réalisateur, âgé de 34 ans, dénonce son pays qui a « oublié ce que veulent dire la souveraineté et les lois internationales ». My Country, My Country, réalisé par Laura Poitras, dépeint l'histoire d'un médecin sunnite, le docteur Riyadh, candidat aux élections de 2005, pour illustrer les défis de la vie quotidienne des Irakiens. L'objectif de la réalisatrice était de remettre les Irakiens au centre du débat. Selon elle, le film va mettre à l'épreuve les conceptions politiques des deux côtés : dans un sens, la célébration de la démocratie et dans l'autre, la critique de l'occupation. La nomination de ces deux documentaires intervient quatre ans après le « scandale Michael Moore ». On se souvient encore de sa réplique, « Honte à vous M. Bush ! », alors qu'il venait de recevoir l'Oscar du meilleur documentaire pour Bowling for Columbine. C'était le 23 mars 2003. Trois jours à peine, après le début de l'offensive américano-britannique contre le régime de Saddam. Michael Moore avait transformé la cérémonie consensuelle en tribune politique et quitté la scène sous les huées pour avoir porté une critique sur la guerre en Irak. C'est que les choses ont beaucoup changé. Désormais, l'opinion américaine est majoritairement hostile à ce conflit sanglant, grâce, en grande partie, à Michael Moore. Ce dernier a eu le mérite de pousser les Américains à prendre une position claire vis-à-vis de la guerre (celle du Koweït, d'abord, puis celle de l'Afghanistan et celle de l'Irak), comme le rappelle si bien Emily Schultz dans Michael Moore - Une biographie, récemment traduite en français (Bayard Editions).