Des manifestations de travailleurs, demandeurs de logement, jeunes au chômage, universitaires excédés par les agressions dont ils sont victimes…, pas un jour qui ne voit l'impatience des jeunes et moins jeunes des deux sexes éclater ouvertement. Les contestations se font sur la place publique dans le strict respect des lois de la République. L'on est loin de l'occupation de la voie publique et des vociférations. Banderoles et pancartes hissées, les contestataires se positionnent bien en vue face aux institutions. A peine s'ils haussent le ton pour expliquer aux passants et les représentants de la presse le pourquoi de leur mouvement. La révolte « perlée » a gagné même les concepteurs de la politique de développement économique et sociale locale. Au sein de la majorité FLN dont le mandat à l'Assemblée populaire de wilaya arrive à terme, l'on en est au grincement des dents. En cette veillée de collecte des candidatures pour les législatives, l'on a ressorti les étiquettes « légalistes » et « dissidents ». Ces derniers jours, l'emballement de la machine FLniste prend ses responsables locaux à la gorge. Entre-temps, d'autres partis politiques bougent pour s'attirer la sympathie des électeurs. Devant le siège du RND local, majoritairement composé de syndicalistes au chômage et d'apparatchiks de l'UGTA, la contestation via un sit-in des postiers est quotidienne. Sous le balcon du secrétaire général de l'Union de wilaya UGTA et également du RND, un communiqué est distribué par les travailleurs d'Algérie-Poste et Algérie-Télécom. Les informations et accusations qu'il contient relèvent de la justice. Il y a d'autres contestataires. Il s'agit de centaines de commerçants. Une décision de justice les a mis à la porte des locaux qu'ils occupaient dans les grandes surfaces. D'autres ont été contraints d'abandonner les places qu'ils occupaient sur le marché informel du 19 Juin. Ainsi, après plusieurs années d'immobilisme, c'est devenu une scène quotidienne que de voir un nouveau souffle de contestation pacifique sur la voie publique. Durant la semaine écoulée, plusieurs P/APC et le directeur des domaines avaient été convoqués au siège du secrétariat général de la wilaya. Ils devaient décider de l'indemnisation à accorder aux propriétaires des habitations implantées sur les 40 km de tronçon de l'autoroute Est-Ouest. A une centaine de mètres plus loin, devant le siège de l'inspection du travail, des centaines de travailleurs du groupe d'entreprises publiques économiques Asmidal contestaient. Ils affirmaient avoir été blousés par leur employeur lors de leur départ volontaire. C'est avec la même affirmation que leurs 1200 camarades sidérurgistes de Sider avaient pris possession des alentours du portail d'entrée du complexe sidérurgique Mittal Steel El Hadjar. Toutes ces contestations disciplinées et ordonnées paraissaient obéir à un mot d'ordre lancé on ne sait par qui. Simultanément, depuis la fin du mois de janvier, il y a eu un déferlement de pancartes. Mot d'ordre peut-être, mais impatience des contestataires certainement. « Halte à l'injustice. Nous réclamons nos droits. Nous demandons une enquête sur l'utilisation des œuvres sociales. Réintégration à nos postes de travail », résumaient plusieurs panneaux.