Manifestations, contestation, ras-le-bol, sit-in : pas un jour ne passe sans que l'impatience des populations de la plupart des communes n'éclate ouvertement. Le mouvement gagne même les partis politiques. Avec l'interpellation, la mise sous mandat de dépôt et le passage hier à la barre des accusés du représentant local du parti AHD 54, l'emballement de la machine prend une autre dimension. D'autant qu'un autre péril menace : le retard dans la réalisation des logements sociaux et ruraux au profit des habitants des bidonvilles. Plusieurs dizaines d'entre eux ont bougé hier. Ils ont investi le siège de la wilaya, puis sont repartis. « Cela fait des années qu'on nous promet le recasement. Nous ne voyons rien venir. Les projets de construction sont à l'arrêt ou tournent au ralenti. Rien ne dit que la prochaine fois notre mouvement aujourd'hui très pacifique ne dégénère en un mouvement de colère », menacent plusieurs de ces habitants, des pères de famille. A El Allelick, une agglomération en amont de la commune d'El Bouni, jeunes et moins jeunes des 700 habitants exposent leurs problèmes dans une litanie décousue. C'est toujours le logement et l'emploi qui apparaissent comme étant les principales préoccupations. Scènes de vie quotidienne dans une wilaya où, pourtant, la reprise économique est perceptible. Chaque jour voit naître un nouveau souffle de contestation. Les banderoles en disaient long sur l'impatience des populations, particulièrement celles des communes à forte densité de population (Annaba, El Bouni, El Hadjar et Sidi Amar). Seul recours pour faire entendre leur voix au plus haut sommet de l'Etat, les contestataires sollicitent la presse. Mais voilà que çà et là, un certain nombre de personnes animées par des motifs plus politiciens que prospectifs s'ingénient à manipuler et à tenter de récupérer les mouvements. Les prochaines échéances électorales motivent leur démarche. Au même moment, ceux qui ont été élus nouveau sénateur du FLN, les autres ayant encore quelques années de mandat devant eux et les députés ne donnent pas l'impression de s'inquiéter. Ils n'ont cure de ce qui se passe au sein de cette population. Le plus important étant pour ces élus de faire perdurer les avantages acquis. Pour cela, ils sont prêts à tous les compromis et compromissions.