Hier, neuf personnes ont été présentées à la justice suite au saccage du Tam Tam. Dans un premier temps, six seulement avaient été arrêtées auxquelles deux ont été ajoutées. Après interrogatoire, trois ont été libérées alors que quatre autres ont été appréhendées. Si la plupart d'entre les présumés coupables sont des salafistes notoires, deux ne le sont pas, l'un de ces derniers étant un repris de justice. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, vol qualifié, obstruction de la voie publique, destruction et incendie de biens d'autrui ainsi que coups et blessures. Jusqu'à l'heure où nous mettons sous presse, ils étaient entendus par le procureur de la République. Hier, chez les autorités locales et les élus qui fêtaient le 24 février, la gêne était manifeste à parler de cette affaire. Pour sa part, le wali a répondu volontiers à nos questions. Il réprouve le recours à la violence, d'autant qu'il avait reçu une délégation de voisins du bar. « Le problème était pris en charge après que je leur ai assuré qu'une enquête allait être diligentée sur les incommodités qu'ils subiraient. Et c'est le jour où j'ai reçu un rapport de la gendarmerie qu'ils sont passés à l'action. Force doit cependant rester à la loi. Les responsables de violence devront répondre de leur acte devant la justice. » Le chef de l'exécutif ne se prononce pas sur l'éventualité de la fermeture du Tam Tam, indiquant que les suites de l'enquête engagée sont en cours et que les troubles survenus n'ont fait que compliquer son dénouement. L'embarras chez nos autres interlocuteurs tient à la question de savoir si fermer le Tam Tam n'est pas accorder une prime à ceux qui détiennent des capacités de nuisance, mais ne pas le faire tout en punissant les casseurs, ce serait à coup sûr une aubaine que saisiront les commanditaires de l'affaire, « des commanditaires dont l'objectif est d'aiguiller la toute prochaine campagne électorale sur le terrain de la religion et des mœurs, une thématique sur laquelle ils sont imbattables ». A cet égard, hier à Sidi Ben Adda, il y a peu de personnes interrogées qui ne compatissent pas avec les personnes arrêtées, espérant leur libération et la fermeture définitive du Tam Tam. C'est dire, selon un interlocuteur, que « la manœuvre consistant à envoyer une délégation puis à mettre la pression sur les autorités en lançant la rumeur du saccage programmé du bar, c'était les obliger à l'attentisme, car agir dans un sens ou dans un autre, c'était du pain bénit pour les commanditaires. Pis, envoyer des gendarmes pour protéger le bar de l'attaque prévue, c'est encore alimenter leur propagande. Il faut leur reconnaître le tour de force d'avoir piégé tout le monde ». Au FLN, on est bien conscient de l'enjeu mais l'on ne croit pas que la population de la wilaya suivra, celle-ci ayant été échaudée par dix sombres années. « De quel poids compte Sidi Ben Adda ? D'ailleurs, reconnaissez que la population n'a pas suivi les meneurs. » Côté RND, on est plus frileux, préférant se montrer plutôt compatissant pour le voisinage du bar saccagé. Bizarrement, au parti d'Ouyahia, on élude même le fait que le coup soit parti d'une mosquée pour légitimer des actes de violence et que Sidi Ben Adda connaît depuis un certain temps une concentration accrue de salafistes venant d'ailleurs s'installer dans une localité aux mains d'une municipalité Islah.