Enlèvement, séquestration, viol, extorsion de fonds, agressions et vexations sont le lot quotidien des citoyens de cette ville depuis quelque temps. La population s'en est trouvée non sécurisée, de l'avis même du chef de daïra qui déplore un manque flagrant de protection. « Il y a certains quartiers, a-t-il déclaré, où la police est totalement absente. » Cette déclaration du chef de daïra dans ce contexte d'insécurité constitue un aveu d'échec des pouvoirs publics à assurer la sécurité des citoyens de cette ville. Des bandes de malfrats se sont constituées à l'ombre du déficit de la force organisée de l'Etat dans cette ville pour proliférer, écumant les artères commerçantes, s'appropriant des quartiers, rançonnant et agressant à merci, rendant la vie un véritable enfer. Cette situation est rendue plus complexe, nous dit-on à Bou Saâda, par le comportement plus conciliant des policiers avec les bandes. Preuve en est que sur la base du PV d'audition, établi par les services de police, qui a condamné l'agression des éléments de la bande de voyous contre les restaurateurs, les blessant et endommageant le restaurant pour une valeur de 100 millions de centimes que le magistrat instructeur près le tribunal de Bou Saâda, nous a-t-on relaté, n'avait rien trouvé à dire, au lendemain de leur présentation, que de mettre tout le monde sur le même pied d'égalité devant le tribunal. Cela n'est pas fait pour calmer les esprits, mais plutôt engendrer un sentiment de revanche. La défaillance des pouvoirs publics en matière de sécurité a engendré une situation chaotique dans une ville de plus de 150 000 habitants, laquelle continue à se corser dès lors que la justice s'efface devant ces actes criminels. C'est le cas de cette jeune fille de 16 ans qui a été enlevée de la cité El Moudjahid par 4 individus âgés de 18 à 24 ans, qui l'ont séquestrée et violée. Relâchée 4 jours plus tard, après la plainte du père et la dénonciation de la jeune fille, les 4 individus ont été arrêtés pour enlèvement, séquestration et viol. Présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Bou Saâda, ils ont été relâchés, nous a-t-on confirmé avec une certaine amertume. Outre la cité El Moudjahid, le quartier Zouqoum, où 3 individus, âgés de 18 à 20 ans, nous dira M. El Hadjarsi, habitant du quartier, vers 13 h, il y a de cela 6 mois, ont retenu par la force une femme et exigé de son mari, un sexagénaire qui l'accompagnait, le paiement d'une rançon sinon ils la tueraient. Ce même citoyen au fait des agissements des bandes de voyous qui écument les quartiers Mouamine et la place des Martyrs, où la drogue se vend en toute impunité comme des cacahuètes, nous a avoué que l'insécurité atteignait des proportions alarmantes et que c'est dans ce contexte qu'il a perdu son fils de 22 ans. Coiffeur de son état, a-t-il précisé, il a été frappé à la tête vers 20 h au niveau de la gare routière et ce n'est que 6 heures plus tard que l'ambulance l'a évacué sur Sétif. Il est resté 6 jours dans le coma avant de mourir. Et d'ajouter : « La seule explication que j'ai de la mort de mon fils, c'est le permis d'inhumer. La police n'est même pas au courant de cet acte criminel et n'a ouvert aucune enquête sur sa mort. » « C'est la loi de la jungle qui règne dans ce pays », dit-il avec amertume. Les nouveaux quartiers d'El Batan ne sont pas en reste face à la déferlante insécurité, à l'image de la cité Bendaqmous où les citoyens vivent les pires conditions par le fait que ce quartier est devenu le lieu le plus convoité par les proxénètes, les prostituées et les dealers.