Dans l'une de vos dernières éditions, vous avez porté à la connaissance du public les circonstances d'une altercation qui s'est produite lors des assises sur la stratégie industrielle entre M. Benachenhou et M. Rebrab, provoquée en fait par l'ancien ministre des Finances, qui s'élevait bruyamment contre les termes d'injonction utilisés par le patron de Cevital pour qualifier les interventions intempestives des différentes administrations à l'encontre des PME. Je vous prie de bien vouloir publier mon témoignage à ce sujet. Je relève le défi, Monsieur le ministre. Ayant moi-même subi le cauchemar de l'Administration algérienne en tant qu' opérateur économique et ayant cessé toute activité pour des raisons que je pourrais, si l'ex-ministre des Finances le souhaitait, exposer, je me crois fondé d'apporter mon témoignage au sujet du rôle de cette administration vis-à-vis de l'entreprise privée. Tout d'abord, je considère que mon ami Rebrab a fait preuve d'euphémisme en évoquant le terme d'injonction. A sa place, j'aurais parlé de lettres de cachet confectionnées pour les besoins de la nuisance. Oui, Monsieur le ministre, vous avez lancé un défi au patron de Cevital afin qu'il produise une preuve de ce qu'il avance. Si pour des raisons qui lui importent il ne pouvait vous répondre dans l'immédiat, moi, Monsieur le ministre, et à un âge où je n'ai plus rien à espérer de votre administration, je relève le défi. Bien que avec mes moyens modestes de simple citoyen ne possédant aucun instrument d'intervention ni de prospection, je pourrais vous fournir les preuves de l'existence de lettres de cachet émanant de votre propre administration financière ciblant des personnes bien visées et destinées vraisemblablement à prononcer leur mort civile. Je vous avertis tout de suite que je ne révélerai pas l'existence de ces preuves par voie de presse. Je le ferai par contre devant un comité d'honneur composé d'un membre de mon ex-organisation patronale, la CIPA, un membre de l'administration financière, un membre que vous désignerez vous-même, un magistrat et un journaliste — et si vous ne voyez pas d'objection — à travers une émission de télévision afin que le public en prenne connaissance. Encore une fois, Monsieur le ministre, si je considère que l'orientation politique générale du pays est saine dans son ensemble et si l'on doit du respect aux nombreux agents de l'administration qui servent encore avec honneur les affaires publiques, il reste que devant son infiltration par des agents au service des uns et des autres, des intérêts sordides ou même des affinités doctrinales ou autres inclinations politiques, souvent pour des besoins de règlement de comptes, elle s'est transformée au fil de jours en un véritable makhzen où l'arbitraire est la règle et la nuisance l'objectif. Ne vous êtes-vous pas posé la question pour laquelle le projet du gouvernement établi probablement sous votre inspiration en 1999 n'a pu voir le jour ? Ne vous êtes-vous pas inquiété du sort de centaines d'entreprises déstructurées, sans respect ni pour la loi ni pour la morale ? Mais enfin, Monsieur le ministre, le phénomène de la dévaluation, puisque c'est de lui que des centaines d'opérateurs ont été brisés, a existé dans un grand nombre de pays ; il a été solutionné de différentes manières : par des contrats d'assurance, par des parts de marchés publics en Afrique ou d'autres moyens adéquats... Il suffisait de le vouloir. L'Algérie est le seul pays où les autorités publiques ont décidé de réduire le dinar en monnaie de singe, pour se débiner illico presto et observer de loin et cyniquement le spectacle peu reluisant de pans entiers d'entreprises démolies les unes à la suite des autres. Cela rappelle curieusement un château de cartes ou plutôt Néron ! Personnellement, je ne crois pas à la théorie de la génération spontanée. Il y a probablement des raisons que la raison ne connaît pas, ou peut-être une stratégie morbide qui préside quelque part et laquelle, au moyen de tentacules puissamment enracinées, procède au génocide économique que nous avons hélas observé, tels des pompiers qui assistent à un feu qu'ils ne peuvent éteindre. Il s'agit là d'une triste réalité qui n'avait pas besoin de phrases assassines pour tuer. Si vous, Monsieur le ministre, n'y croyez pas, certains l'ont douloureusement ressenti, les uns dans leur santé ou même leur vie, certains dans leur patrimoine, d'autres dans leur honneur de chefs de famille. Ceux-là ne sont pas prêts à vous suivre, sauf si vous donnez désormais les gages de la crédibilité de l'administration, c'est-à-dire le respect de la loi et des engagements, un minimum d'égard à la dignité des personnes et d'obligation de sincérité. En attendant, je souhaite à mon compagnon Temmar de réussir son plan de travail et à mes autres amis, notamment ceux de la CIPA, de mener à bien leurs actions pour la réussite de ce nouveau pari. L'auteur est Président d'honneur de la CIPA