La grève des industriels laitiers privés, entamée samedi, aura accentué davantage la pression sur ce produit de première nécessité. Dès la semaine dernière, les premières tensions feront grimper le lait UHT jusqu'à 60 DA, soit une hausse de 10 DA. Pendant ce temps, les industriels laitiers regroupés à Alger feront connaître leurs dernières initiatives aux pouvoirs publics. Qui répondront par l'intermédiaire du ministre du Commerce qui fera savoir que les prix à la consommation ne seront pas modifiés. C'est le blocage tant redouté qui fera encore grimper les prix et accentuer la rareté du lait sous toutes ses formes. En effet, la seule laiterie publique encore valide dans la région ne pourra pas satisfaire la demande. Les sachets de lait disparaîtront des étalages dès les premières lueurs du jour. Après une semaine de tension, c'est encore une fois le lait de type UHT qui sera augmenté jusqu'à 70 DA. Ce qui entraînera sa disparition des étalages. Les consommateurs qui se retourneront vers le lait en poudre finiront par épuiser rapidement les stocks des détaillants. C'est pourquoi, lors du premier jour de grève des deux laiteries privées de Mostaganem, ce produit se fera très rare y compris le lait de vache produit localement. Car après une longue période de vaches maigres, consécutive à la faiblesse du soutien étatique à cette activité, au demeurant très exigeante, les nombreux éleveurs subiront les affres de la mévente et du payement à terme des laiteries publiques. Si bien que lorsqu'un industriel privé leur propose une sensible augmentation du prix de collecte, ils finissent par s'en remettre à cet opérateur qui se sera assuré d'un approvisionnement régulier au profit de son activité fromagère. Selon une étude réalisée par l'association des industriels laitiers, la tonne de poudre de lait d'importation à partir du marché européen aura subi, entre 2002 et 2006, une augmentation de 63%. Des hausses successives de 16%, 34% et 63% sont observées pour les années 2003, 2004, 2005 et 2006, la tonne passant de 1380 à 2250 euros durant cette période. Des hausses qu'ils ne pourront répercuter sur le prix à la consommation, en raison de l'existence d'un décret datant de l'année 1996 - qui ne sera révisé qu'une seule fois depuis, en l'occurrence en 2001 - qui administre le prix du lait. Ce prix qui était de 20 DA entre 1996 et 2000 sera augmenté le 12 février 2001 à 25 DA. Malgré les avatars de l'inflation interne et de l'augmentation du cours mondial, ce prix administré restera figé jusqu'à ce jour. Au grand désenchantement des laitiers industriels qui seront contraints de trouver des astuces à la limite de la légalité pour continuer à activer. C'est pourquoi, dès le 11 août 2005, alors que la tonne de poudre se négociait à 1850 euros, soit plus de 18 millions de centimes, ils saisissent le chef du gouvernement de l'époque pour un ajustement du prix. Une requête qui restera sans suite alors que sur le marché international, fortement agité par la demande asiatique, la tonne de poudre se négociera à 2250 euros, soit une hausse de 400 euros. A 3200 dollars la tonne, soit près de 25 000 dinars, les industriels s'estiment lésés par le prix administré, alors que pour le lait cru, une subvention de 13 DA est de mise, assurant des revenus décents à tous les intervenants de la filière. L'épreuve de force engagée avec les pouvoirs publics ne fait que commencer. Après avoir bradé les laiteries étatiques, dont certaines auront été cédées à des prix symboliques, le secteur public n'est plus en mesure de répondre à la forte demande. Faudra-t-il se résoudre à importer les besoins en lait du pays sous forme de poudre ?