La coordination nationale des syndicats des filiales du groupe Giplait a appelé, dans un communiqué de presse, les pouvoirs publics à honorer leurs missions de régulateur pour éviter que les laitiers publics ne s'effondrent à cause des raisons exogènes à leurs compétences et moyens en créant une tension sur une matière aussi sensible que le lait. Selon cette organisation, il est urgent de prendre une série de mesures pour stopper la descente aux enfers. Parmi ces mesures figurent l'installation d'une cellule de veille industrielle de la filière lait à même de faciliter, si nécessaire, l'accès du groupe Giplait à la Badr pour le financement des importations de poudre de lait (PDL) et la mise en place des mécanismes directs de soutien du prix de la PDL à l'importation. Il est suggéré également de créer un organisme d'Etat chargé de l'importation des PDL avec des missions de l'OAIC. La coordination s'inquiète de la mutation profonde du marché mondial de PDL qui se traduit par une forte régression de l'offre à l'export et par conséquent une envolée spectaculaire des prix annoncés à 3500 dollar US/tonne. Le prix du litre de lait PDL en sachet est fixé par l'administration à 23,35 DA quai usine et les marges des distributeurs de gros et des détaillants sont arrêtées respectivement à 0,75 et 0,90 DA. Cette structure de prix ne permet plus aux transformateurs de rentrer dans leurs frais, car les charges de production ont connu dans leur ensemble d'importantes augmentations. En Algérie, le lait occupe une place importante dans la ration alimentaire de chacun, quel que soit son revenu. D'après plusieurs études, il ressort que la filière lait en Algérie est fortement dépendante du marché mondial, du fait d'une totale déconnexion de l'industrie laitière de la sphère de production locale. L'Etat, par son intervention au niveau de la filière, a encouragé davantage la consommation que la production, aidé en cela par un contexte international favorable. La mise en place d'une industrie de substitution d'importation et les quelques mesures d'appui initiées au profit des éleveurs ne sauraient être assimilées à une politique laitière visant la réalisation d'un objectif aussi stratégique que celui de l'indépendance alimentaire. La facture globale des importations en produits laitiers a évolué à la hausse, passant de 426 millions USD en 1999 à 742 millions USD en 2005. Au-delà des améliorations perceptibles, notamment au niveau de la collecte, les aides publiques consenties en faveur de la filière laitière n'ont pas permis un réel essor de la production. Plusieurs facteurs sont à l'origine de cet état de fait. Une offre insuffisante en ressources fourragères se traduit par des déficits fourragers estimés à 22%. Cette carence a pour effet de contraindre les exploitations à recourir à des fourrages de moindre qualité et à l'utilisation de concentrés qui ont pour conséquence de déprécier la productivité des vaches laitières et de grever les coûts de production. Une structuration insuffisante et incohérente de la filière lait qui se caractérise par la destruction des canaux de collecte, en dépit de l'existence de 19 unités de transformation relevant des offices publics et de l'émergence des centres de collecte et de laiteries privées : 52 au total soutenues par le Fonds national de régulation et de développement agricole aux productions animales (FNRDA) entre 2000 et 2004. Le système de fixation administrative des prix du lait pasteurisé est en défaveur de la production locale du lait considéré comme un produit secondaire. L'Algérie est le premier consommateur laitier du Maghreb avec un marché annuel estimé à 3,5 milliards de litres, un taux de croissance de 8% et une consommation moyenne de l'ordre de 110 l/habitant/an. Cette consommation augmente encore régulièrement et devrait atteindre au moins 115 l par habitant et par an en 2010. C'est ainsi que la production laitière locale ne couvrira en 2010 que 27% des besoins. La production algérienne de lait en 2004 a été d'environ 2 milliards de litres. Le marché du lait pasteurisé est un marché fragmenté avec plus de trente marques. Le leader est Colaital avec 38% de parts de marché. Colaital de Birkhadem a une capacité de 40 000 l/j. Les prix du lait sont de 25 DA le sachet. Le lait en poudre est plus cher. Pour mieux comprendre les tendances et s'imprégner des réalités du marché, il faut distinguer trois sortes de lait : celui des sachets d'une durée de vie de 24 heures, le lait en poudre et l'UHT (ultra-haute température). Plusieurs opérateurs s'apprêteraient à abandonner la production de lait en raison de l'augmentation du prix de la poudre de lait qui refait surface et fait craindre « une asphyxie de la filière », a indiqué un communiqué de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), rapporte la presse. La stratégie du ministère de l'Agriculture vise à porter à trois milliards de litres la production laitière en 2009 contre un milliard de litres à peine actuellement et à élever le taux de collecte à près de 40% dans trois ans, alors qu'il est de 15%. Si l'Etat tient à maintenir le prix à 25 DA, il sera dans l'obligation de compenser le manque à gagner de ces producteurs, notamment publics.