Mardi soir à Alger a été donné le premier tour de manivelle d'un film-documentaire intitulé Sur les traces du Jugurtha, du réalisateur Zoheir Roubeche. Guerre de Jugurtha, de l'historien romain Salluste, écrit vers les années 42-40 avant Jésus Christ, est l'un des rares ouvrages qui racontent la vie du roi numide, parce qu'il l'a connu de près. Et c'est entre autres de cet ouvrage (et ceux de l'écrivain et l'historien tunisien Mohamed Fentes et de l'universitaire algérien Mohamed Seghir Ghanem) que s'inspire Zoheir Roubeche pour relater la vie de Jugurtha qui a défié Rome pour défendre l'indépendance de sa patrie. Plusieurs années de guerre avaient été nécessaires pour tenter de venir à bout du redoutable Aguellid qui, au final, a été pris par traîtrise, pour subir les pires tortures et décéder après 6 jours de détention. C'est ce que va tenter de rapporter le réalisateur dans un film documentaire de 52 minutes, un projet qui date de quatre années et qu'il finance jusque-là de ses fonds propres. Le roi numide sera interprété par le jeune comédien Noureddine Saïd, deux autres acteurs joueront le rôle de soldats romains. L'histoire de Jugurtha prendra le départ là où est érigée une statue à son effigie, au Musée de l'armée (Riad El Feth, Alger). Le héros démarre de ce lieu pour sa traversée « historique » qui le mènera à travers plusieurs villes : Constantine, Sétif, Bordj Bou Arréridj et Tébessa avec quelques passages à Tunis et à Rome, où s'acheva terriblement la vie de cet homme exceptionnel. C'est paradoxalement dans cette ville aussi que Jugurtha avait connu la gloire en se distinguant dans les rangs de l'armée romaine comme un héros de la campagne en Espagne. De plus, c'est aussi à Rome que Jugurtha dévoila une facette souvent négligée de son personnage. En effet, il est souvent présenté exclusivement comme un premier, ce qu'il fut admirablement alors que sa biographie montre qu'il était aussi un fin politique. Il avait ainsi réussi à corrompre une bonne partie du Sénat romain et, à ce titre, on peut dire qu'il a été un précurseur dans l'histoire du lobbying en tant que stratégie. Pour Zoheir Roubeche, qui a déjà réalisé un feuilleton de dix épisodes sur Abdelhamid Ibn Badis et un autre documentaire sur la vie de certains artistes français nés à Constantine et qui ont cité cette ville dans leurs œuvres littéraires et artistiques, l'objectif de Sur les traces du Jugurtha est de lever l'ambiguïté sur quelques faits historiques liés à la vie de Jugurtha. Après le roi numide, Zoheir Roubeche compte se pencher sur la vie d'autres grands noms algériens, dont celle de Raïs Hamidou. Il faut espérer que le réalisateur s'entourera d'historiens confirmés pour le conseiller.