L'opérateur Qatar Telecom (Qtel) a finalement absorbé 80% des actions dans le troisième opérateur de téléphonie mobile en Algérie Nedjma. Une donnée d'autant plus importante qu'elle nous renvoie sur l'impact que pourrait avoir la transaction passée en début de semaine entre le fonds d'investissements koweitien Kipko et Qtel, transaction grâce à laquelle l'opérateur qatari s'adjuge 51 % des actions du groupe Wataniya. Pour ce qui est de Nedjma, Qtel a racheté les 71 % que détenait Kipko en plus de 9 % de parts détenues par la Banque du Golfe. Mais le plus étonnant dans cette affaire est que l'Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT) s'obstine dans son mutisme, ne fournissant aucune explication sur les implications de cette acquisition, notamment les closes des cahiers des charges, laissant ainsi le soin aux responsables de Nedjma d'apporter leur version des faits devant toutes les zones d'ombre qui enrobent cette transaction. Une semaine auparavant, les responsables de Nedjma avaient tenté, à travers un communiqué rendu public, d'expliquer tant aux abonnés qu'aux pouvoir publics, que Qtel venait de reprendre 9 % de Nedjma et la transaction en question n'aura aucun impact sur l'opérateur ni sur son staff dirigeant. Quelques jours plus tard, le DG de Nedjma, M. André Halley, développe un discours aux antipodes du premier. C'est ainsi qu'après avoir indiqué que Qtel avait finalement pris 80 % de Nedjma, Halley a avoué à nos confrères d'El Watan et d'El-Khabar que cette transaction allait certainement susciter des changements au niveau du staff dirigeant de Nedjma et de son conseil d'administration. Peu convaincant, le DG de Wataniya Telecom n'arrive toujours pas à éclairer l'opinion publique sur les changements opérés, se contredisant au passage sur le nouveau propriétaire de Nedjma. En balayant d'un revers de la main tout le travail effectué par Kipko, il finira par réduire ce groupe de fonds d'investissements à un simple intermédiaire "dont le seul but est de faire fructifier son argent", pour paraphraser M.Halley. Ce dernier présentera d'abord Qtel comme faisant partie des leader en télécommunications au Moyen-Orient qui "assistera Nedjma dans son développement", avant d'affirmer que le repreneur en question n'est qu'un actionnaire comme l'était Kipko auparavant. Une "queue de poisson" habile pour justifier le fait que le cahier des charges a bel et bien été respecté. Quoi qu'il en soit, toutes ces "précisions" rapportées par le DG de Nedjma laisseront, à coup sûr, abonnés et observateurs sur leur faim. Il serait, toutefois, utile de rappeler que Qtel qui comptabilise un peu plus d'un million d'abonnés est un opérateur public, puisque 55 % des parts de cet opérateur sont détenues par le gouvernement du Qatar. Aussi, Qtel n'a acquis les actions de Wataniya Telecom qu'après le retrait de la course de l'opérateur émirati Etisalat, qui a estimé que les actionnaires du groupe koweitien avaient placé la barre trop haut. L'on se demande alors si la décision d'acquérir Wataniya n'aurait pas une connotation politique. Il est connu maintenant que le Qatar a lancé durant ces dernières années une véritable offensive médiatique et économique devant lui permettre de jouer un rôle des plus importants dans la région Mena (Middle East and North Africa) appuyé dans cela par la chaîne d'information continue Al-Djazeera et par les nombreux projets gaziers en cours de réalisation. Cette nouvelle acquisition dans les télécoms ne fera que conforter le Qatar dans ses positions.