La wilaya de Tizi Ouzou vient de connaître cette année une saison oléicole particulière. Avec près de 7 millions de litres de l'huile attendus à la fin de la saison, cette filière enregistre une croissance importante par rapport à l'année d'avant, où 6,3 millions de litres ont été produits, selon les chiffres fournis par la direction des services agricoles de la wilaya (DSA). Tizi Ouzou : De notre bureau Peu avant le début de la campagne de récolte, nul ne s'attendait à un aussi appréciable résultat. Les prévisions des uns et des autres étaient plutôt pessimistes en allant du constat que le rendement en matière d'olives, qui ne dépasse pas les 10 quintaux par hectare, est en deçà des résultats de l'année dernière quand cette production a atteint les 12 quintaux par hectare. La nouvelle variante de cette année réside dans le fait que l'olive est suffisamment fertile car elle a atteint la maturation avant d'être cueillie. Pour M. Redjam, directeur des services agricoles de wilaya, " les producteurs qui ont l'habitude de commencer la récolte prématurément à la mi-novembre, ont mis du temps cette année pour entamer leur campagne, car ils n'ont pas été pressés par les conditions climatiques, l'hiver étant beaucoup plus clément. Ce retard a, en fin de compte, joué positivement sur le rendement. Le faible taux de pluviométrie a aussi conforté la fécondité de l'olive ". En conséquence, la moyenne du rendement par quintal a enregistré le record de 21 litres alors qu'en 2006 cette moyenne n'a pas dépassé le cap des 18 litres. Toutefois, les bilans différent d'une région à une autre. Selon les prévisions des services de la wilaya, les résultats sont beaucoup plus appréciables dans les zones à basse altitude, tel la périphérie de Tizi Ouzou où le rendement a atteint les 20 q/ha alors que dans la haute montagne il n'y a que 6 à 7 q/ha qui ont été récoltés, à l'instar des régions comme Beni Yenni ou Bouzeguène. Au registre des particularités par zone géographique, les services de la DSA font savoir aussi que l'importante oliveraie se trouvant dans le couloir Mechtras-Boghni a sensiblement faibli ces dernières années. A cet effet, une étude est en cours de préparation pour déterminer les raisons de ce recul. Dans l'ensemble, avec de tels bilans, la wilaya de Tizi Ouzou vient à la troisième place après Béjaïa et Jijel en matière de production oléicole. Les producteurs, de leur côté, ne cessent pas de se plaindre des charges inhérentes à l'exploitation de leurs oliveraies. La trituration seulement coûte 400 dinars le quintal et cela s'ajoutent les frais de transport et tout le travail que nécessite la récolte pour laquelle il faudra mobiliser plusieurs personnes. Le joug traditionnel Au-delà de la saison en cours, c'est la question de l'exploitation des potentialités de la région dans ce domaine qui se pose. Ainsi, les services agricoles de la wilaya ont laissé remarquer que de nombreuses actions ont été menées et d'autres sont prévues dans le but de faire sortir la filière oléicole du joug traditionnel et moderniser les moyens de son exploitation. Dans le cadre du Plan national du développement rural et agricole (PNDRA), plusieurs activités relatives à cette branche ont été financées dont, entre autres, de nouvelles plantations, la confection de cuvettes et la taille de régénération . A la fin 2006, le FNRDA a financé la réalisation de 83 000 cuvettes (à hauteur de 500 dinars l'unité), 2 000 filets de récolte (1 500 dinars l'unité), le griffage de 73 100 d'oléastres (à raison de 250 dinars le sujet). Enfin la taille de régénération a touché 71 900 oliviers à la même date. Pour ce qui est des nouvelles plantations, elles ont atteint les 605 hectares. La wilaya de Tizi Ouzou dispose de 446 huileries au total, dont 353 traditionnelles et 93 modernes. Une vingtaine de ces huileries modernes ont été lancées dans le cadre du PNRDA pour un montant de près de 72 millions de dinars. Au total, le dispositif en question (PNRDA) a consacré jusqu'ici 1,4 milliard de dinars à la filière oléicole à Tizi Ouzou. En tout cas, pour que la modernisation de cette filière soit entière, il est urgent de la libérer des anciens réflexes. Pour ce faire, à titre d'exemple, " il faut convaincre les producteurs que la qualité de l'huile produite par les huileries modernes est plus bonne que celle pour laquelle on a utilisé des procédés traditionnels et que le rendement des olives triturées aussitôt cueillies est toujours plus important que lorsque les olives sont stockées longtemps dans des sacs en plastiques. Les producteurs ont du mal à accepter de tels conseils malgré tout le travail de vulgarisation qui a été mené ", dira Mme Belhamri du service de l'arboriculture à la DSA. Pour le long terme, les responsables du secteur agricole sont convaincus que la labellisation du produit de la région s'impose afin de parvenir à l'organisation de cette branche d'activité dans laquelle la wilaya de Tizi Ouzou dispose de fortes potentialités. D'un point de vue commercial, il faut souligner que cette filière évolue dans des conditions peu prospères. L'huile d'olive, dont le prix oscille entre les 250 et 300 dinars, est commercialisée généralement dans le circuit informel et, du coup, elle échappe à tout contrôle.