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La catastrophe humanitaire au Darfour
Une véritable course contre la montre
Publié dans El Watan le 04 - 07 - 2004

Le secrétaire général de l'ONU est déterminé à obtenir la collaboration des autorités soudanaises pour éviter ce qu'il qualifie déjà de « pire crise humanitaire » qui risque de se produire dans la province du Darfour.
Kofi Annan n'a pas manqué d'examiner cette question sous tous ses volets, en insistant auprès de ses interlocuteurs soudanais sur les raisons de cette crise. Autrement dit, sur les causes de l'exode de près d'un millier de personnes qui ont fui la guerre et qui s'entassent dans des conditions inqualifiables. Ces gens ont fui les massacres, et Khartoum, apprenait-on hier, s'est engagé à désarmer les milices qui lui sont alliées dans le Darfour, à faciliter l'action humanitaire et à œuvrer à un règlement politique de la crise dans cette région de l'ouest du Soudan, trois exigences présentées par les Etats-Unis et l'Onu. De telles pressions se sont avérées concluantes d'autant que le pouvoir soudanais fait aussi face à un ultimatum en règle. Dans un communiqué conjoint publié par le gouvernement soudanais et l'Onu au terme de la visite du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, les autorités soudanaises se sont engagées à « entamer immédiatement le désarmement des Djandjawids et autres groupes armés hors la loi ». C'est une reconnaissance explicite de leur existence, ce qui avait été nié jusqu'à présent. Et Kofi Annan, parti hier en Erythrée afin de relancer le règlement du conflit opposant ce pays à l'Ethiopie, s'est fait fort de rappeler cette exigence, au risque pour Khartoum de s'exposer à des représailles que pourrait décider le Conseil de sécurité comme les Etats-Unis l'ont clairement fait savoir. Et très visiblement, les autorités soudanaises souhaitent éviter de nouvelles sanctions puisqu'elles se sont engagées à déployer « une force de police forte, crédible et respectée dans toutes les zones (où se trouvent) des personnes déplacées ainsi que dans les régions qui pourraient être le théâtre d'attaques », et s'assurer qu'« il n'y a pas de milices dans toutes les zones entourant les camps de déplacés ». Il a assuré que le retour des réfugiés dans leur foyer « serait effectué de manière volontaire » et non forcée. Le gouvernement proclame en outre sa détermination à « déférer en justice sans délai tous les individus et groupes accusés de violations des droits de l'homme ». C'est là une autre exigence formulée par Kofi Annan. Le conflit au Darfour, théâtre de la plus grave crise humanitaire dans le monde selon l'ONU, a fait depuis février 2003 environ 10 000 morts, un million de déplacés qui vivent dans des conditions précaires, ainsi que 100 000 réfugiés au Tchad. C'est pourquoi la fin des milices ne signifie pas nécessairement celle du conflit. A cet égard, et dans la foulée de ses engagements, le gouvernement soudanais se déclare par ailleurs déterminé à « reprendre les pourparlers politiques sur le Darfour » avec les mouvements rebelles « au plus vite pour parvenir à une solution globale acceptable pour toutes les parties ». Il assure « accueillir favorablement le rôle de la communauté internationale dans l'aide à appliquer un éventuel accord de paix au Darfour ». Des négociations politiques entre Khartoum et les deux groupes rebelles, Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE) et Mouvement de libération du Soudan (MLS), amorcées, semble-t-il, dans la capitale française, doivent se tenir le 15 juillet à Addis-Abeba. En outre, Khartoum promet de « lever tous les obstacles » entravant l'action des organisations humanitaires internationales dans le Darfour. M. Annan avait affirmé vendredi avoir obtenu des engagements directs du président soudanais consistant à éliminer tous les obstacles bureaucratiques entravant l'acheminement de l'aide humanitaire aux déplacés et à assurer la sécurité de la population civile dans cette région. Plus que cela, Khartoum et l'Onu ont convenu de former « un mécanisme conjoint de haut niveau », coprésidé par le ministre soudanais des Affaires étrangères et le représentant spécial du secrétaire général de l'Onu, pour contrôler l'application des engagements pris par le gouvernement soudanais dans une période de 90 jours. Rien ne semble avoir été perdu de vue ou négligé dans cet engagement écrit. Il est toutefois évident que le risque ne sera que reporté si une solution définitive n'est pas apportée au conflit du Darfour.

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