C'est le «grand écart sécuritaire», d'autant plus que tous les diplomates occidentaux se sont plu à répéter que l'aéroport d'Alger est un des plus sûrs endroits au monde. Les mises en garde concernent principalement l'Algérie et le Maroc, et à un degré moindre la Tunisie. Coup sur coup, Washington, puis Londres, ont adressé des notes «de mise en garde» contre un éventuel attentat «en plein vol» que le Gspc-Al Qaîda au Maghreb s'apprête à commettre en Algérie, et qui viserait un de leurs appareils. Le 12 mars dernier, l'ambassade américaine avait mis en garde ses ressortissants contre l'éventualité d'une attaque terroriste. «Un attentat pourrait être en cours de préparation contre un avion transportant des travailleurs occidentaux en Algérie, a indiqué l'ambassade des Etats-Unis dans un message d'alerte daté du 12 mars et diffusé sur un site Internet du gouvernement américain», di-sait notamment la note. «La menace terroriste dans de nombreux secteurs continue à poser un risque important en termes de sécurité», jugeait le département d'Etat américain dans son chapitre sur l'Algérie, destiné aux voyageurs. Quelques jours plus tard, la Grande-Bretagne lui emboîte le pas et lance un avertissement similaire à ses ressortissants. «British Airways a suspendu ses vols vers le Sud algérien pour des raisons de sécurité. La compagnie aérienne britannique craint une éventuelle attaque terroriste contre un avion transportant ses ressortissants. La compagnie aérienne britannique, British Airways, suspend, à compter de ce lundi 26 mars, ses vols vers Hassi Messaoud dans le Sud algérien pour des raisons de sécurité», pouvait-on lire dans la presse. Les mises en garde concernent principalement, l'Algérie et le Maroc, et à un degré moindre la Tunisie. Il est vrai que les trois principaux pays du Maghreb, et spécialement l'Algérie et le Maroc, ont connu ces dernières semaines plusieurs attaques de groupes armés contre des ressortissants et des intérêts étrangers. Ce fut le cas par exemple récemment, en Algérie, contre un transport du personnel d'une société américaine à Bouchaoui, BRC, et à Aïn Defla, contre un transport du personnel russe travaillant dans un barrage. Ces actions ont été revendiquées par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), affilié à Al Qaîda. Toutefois, de là à prévenir des attaques en plein vol, c'est le grand écart sécuritaire, d'autant plus que tous les diplomates occidentaux, à leur tête la Grande-Bretagne et les Etats Unis, se sont plu à répéter que l'aéroport d'Alger est un des plus sûrs endroits au monde, au vu de l'extrême rigueur de ses accès et aux multiples maillages et contrôles sécuritaires et policiers. Selon Le Monde du 6 février, deux évolutions sont redoutées, compliquant la surveillance policière: la transformation de structures consacrées au soutien logistique en vrais groupes opérationnels et le passage à l'acte d'individus isolés ou de groupes très hétéroclites, influencés par la propagande du Gspc, notamment via Internet. Ainsi, le groupe islamiste démantelé en Tunisie, en janvier, «disposait de vues des ambassades britannique et américaine à Tunis et des images de l'ambassade de France à Rabat», mises en ligne par Google Earth. Mais l'on sait que les attentats ont lamentablement échoué dans un pays qui ne s'y était pas préparé et était jusque-là épargné par les actes liés au terrorisme. La sécurité au niveau de la nouvelle aérogare de l'aéroport d'Alger a été prise très au sérieux par les responsables de l'Etablissement de gestion des services aéroportuaires d'Alger (Egsa) et Aéroports de Paris (ADP) et a fait l'objet d'études sécuritaires poussées. En plus du confort qu'offre la nouvelle aérogare internationale Houari-Boumediène d'Alger, l'aspect sécuritaire a été sérieusement pris en compte. Les bagages de soute sont contrôlés à 100%, l'entrée dans l'aérogare est soumise à un contrôle systématique, y compris le personnel, et les divers contrôles policiers et électroniques sont plus nombreux que de mesure. Il en est de même pour toutes livraisons de produits ou matériaux. L'enjeu est de se conformer aux recommandations de l'Organisa-tion internationale de l'aviation civile (Oaci) et de gagner ainsi la confiance des voyagistes. En plus des 220 caméras de télésurveillance, installées aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'aéroport, une armada de policiers sillonne la nouvelle aérogare à longueur de journée. Mais les ser-vices de l'aéroport d'Alger ne comptent pas seulement sur des policiers en tenue, il y a, également, le travail fait discrètement par des policiers civils. «Le nombre des policiers invisibles dépasse les policiers visibles», clament les responsables de l'aérogare. En plus, un plan d'urgence est déclenché à la moindre alerte (bombe, véhicule piégé, incendie et tout autre danger). D'où les curieuses mises en garde anglo-américaines actuelles...