Sur les écrans parisiens, passe en ce moment La trahison, production franco-belge réalisée par Philippe Faucon. Le film, qui traite de la vie d'un soldat du contingent français durant la guerre de Libération nationale, a été entièrement tourné à Bou Saâda. C'est aussi l'endroit principal choisi par Youcef Bouchouchi pour tourner Le prix de la liberté qui porte sur les Algériens enrôlés de force dans la Deuxième Guerre mondiale. La destination n'est pas nouvelle pour les cinéastes puisque Bou Saâda a servi de décor de films depuis le début du siècle dernier. En 1923 déjà, René Moreau avait tourné un documentaire de 7 mn sur la fameuse oasis. C'est peut-être ce très court métrage qui poussa Marco de Gastyne, la même année, à venir y tourner L'horizon du sud, film français d'aventure. En 1934, Bou Saâda accueille un fameux Tartarin de Tarascon, réalisé par Raymond Bernard sur un scénario de Marcel Pagnol avec le grand Raimu comme acteur principal. En 1953, la notoriété du lieu ayant dépassé les milieux cinématographiques français, une équipe britannique dirigée par Jack Lee, vient y filmer un autre film d'action, The South of Algiers avec Charles Goldne et Eric Portman. Après l'indépendance, l'attrait de Bou Saâda sur le cinéma perdure. En 1964, Antony Dawson y tourne un film exotique Soraya, esclave d'Orient avec Renato Baldini et Michelle Girardon. En 1967, alors que les westerns spaghettis envahissent le monde, les Italiens voient un filon dans l'oasis dont les paysages environnants correspondent bien à leurs sujets. C'est alors Trois pistolets pour César qui voit le jour, coproduit par Casbah Films, la maison de production de Yacef Saâdi et réalisé par Enzo Perri et… Moussa Haddad. On construira même près de Bou Saâda, une petite ville de décor western où l'on aurait vu de braves nomades de chez nous y faire paître leurs troupeaux entre le saloon et le bureau du sheriff ! C'est sans doute ce qui amena plus tard, dans le désopilant Le Clandestin (1990) de Bakhti Benamar, interprété entre autres talents par Ariouat, cette scène de western anachronique. Mais auparavant, ce fut Mohamed Lakhdar Hamina qui s'attacha à Bou Saâda où il a successivement filmé Décembre (1971), film sur la guerre d'Algérie et La dernière image (1986) coscénarisé par l'écrivain Mourad Bourboune et joué par le regretté Hassen El Hassani aux côtés de Véronique Jannot et Michel Boujenah. La légende cinématographique de Bou Saâda est si prenante qu'on lui attribue d'avoir accueilli en 1949 le tournage de Samson et Dalila de Cécil B. De Mille avec le grandissime Victor Mature. Nous n'avons pas pu le vérifier mais il paraît aussi que c'est là que Vittorio Gassman joua Brancaléone, assurément tourné en Algérie. Alors que nos voisins marocains investissent à tour de bras pour attirer avec succès les tours de manivelle, quelqu'un aurait-il songé à relancer la Bou Saâda du cinéma ?