La question du Sahara occidental qui doit repasser à la fin du mois d'avril prochain devant le Conseil de sécurité des Nations unies est traitée depuis quelques semaines sous tous ses aspects, avec une identification extrêmement précise des responsabilités, notamment historiques s'agissant de l'Espagne qui demeure la puissance administrante pour l'ONU. Et puis ce jeu de manipulation de l'opinion avec un plan marocain qui ne vise rien d'autre qu'à entériner le fait accompli colonial, avec justement l'appui de l'Espagne et de la France. Le plan en question a déjà été rejeté par le Front Polisario, une des deux parties du conflit, l'autre étant le Maroc. Que reste-t-il donc sinon rien, puisque la notion d'accord mutuel a cessé d'exister ? C'est probablement sur cette base que le Parlement européen (PE) organise lundi prochain une rencontre autour de ce conflit, avec la participation, pour la première fois, du ministre délégué sahraoui pour l'Europe, Mohammed Sidati, les ambassadeurs d'Algérie, Halim Benattallah, du Maroc, Menouar Alem, ainsi que le chargé de l'information de l'ONU pour l'UE et le Benelux. La rencontre, organisée par la délégation Maghreb du Parlement, sera ouverte par le président de la délégation ad hoc du PE pour le Sahara occidental, Ioannis Kasoulides, eurodéputé, membre du bureau du groupe du Parti populaire européen (démocrates chrétiens) et des démocrates européens. C'est donc véritablement une grande première, même si l'institution européenne s'est manifestée par des positions plutôt en faveur de la lutte du peuple sahraoui, même si l'on retiendra que le PE a approuvé l'accord de pêche liant l'Union européenne et le Maroc et qui inclut les eaux territoriales sahraouies, un pillage en règle dénoncé par les organisations internationales. Le débat unique durant toutes ces années de conflit ne saurait être marqué par l'improvisation, et justement la semaine écoulée a été riche en événements qui balisent la voie. c'est un député espagnol qui démonte la thèse que le Maroc souhaiterait développer avec ses alliés. Il affirme de manière solennelle que le plan d'autonomie marocain sur le Sahara occidental est « inacceptable », parce qu'il viole les principes politiques et juridiques définis par les Nations unies pour le règlement du conflit du Sahara occidental. Dans une intervention au Congrès des députés (chambre basse du Parlement), en présence du président du gouvernement, Jose Luis Rodriguez Zapatero, le député du parti Coalicion canaria, Roman Rodriguez, a interpellé le chef de l'exécutif sur la « modification » de la « position traditionnelle de l'Espagne de ces 30 dernières années sur le conflit du Sahara occidental ». La proposition marocaine d'autonomie pour le Sahara génère confusion et rejet de la part de l'opinion publique espagnole et de l'autre partie au conflit, le Front Polisario. « La proposition est inacceptable parce qu'elle viole deux principes de base de la doctrine politique et juridique établie par les Nations unies sur le conflit », a observé Roman Rodriguez. « Le premier (de ces principes) est que les propositions ne peuvent être unilatérales et celles-ci le sont et, de plus, elles ont été catégoriquement rejetées par l'autre partie au conflit. En second lieu, parce que, de fait, elle nie le droit à l'autodétermination qui fait partie intégrante de cette doctrine », a-t-il précisé. Le député a relevé que, considérant, entre autres, la « vente d'armement au Maroc » et la « tiédeur » manifestée par le gouvernement socialiste espagnol dans la « dénonciation des violations des droits de l'homme dans les territoires occupés » du Sahara occidental, « on peut conclure » qu'il y a de sa part un « changement de position sur le conflit ». Le débat est tracé. Qu'en ressortira-t-il ? car il est connu que la position du PE consiste à soutenir le plan Baker prévoyant l'autodétermination du peuple sahraoui. Le débat fera très certainement la lumière sur un conflit qui se déroule aux portes de l'Europe et que certains gouvernants très peu il est vrai- tentent d'étouffer en voulant se faire les complices d'une injustice.