Des incertitudes hantent et préoccupent l'esprit des étudiants de langue française, que nous avons rencontrés à l'université de Batna. Présents au département de 8h à 17h, vu la surcharge en horaires et en matières, nos interlocuteurs estiment qu'il ne leur reste pas de temps pour apprendre, s'informer, communiquer, consulter la documentation, comme c'est prévu dans le programme, et comme l'exigent les nouvelles instructions et le nouveau système LMD, qui semble à la fois séduire et inquiéter les futurs cadres. Entre partisans (les filles sont plus nombreuses) et détracteurs, l'antagonisme semble ne pas se réduire au pour et contre mais au « oui, mais... ». Les étudiants donnent l'impression de ne pas être du tout informés. Le LMD bénéficie d'une certaine approbation avec cependant des interrogations : où sont les moyens ? La bibliothèque, la documentation, les communications, l'Internet, les supports visuels, etc. Le chef de département de langues, M. Metateha, comprend parfaitement les inquiétudes des étudiants et les partage, mais il souhaite une meilleure lecture du nouveau programme et de la nouvelle démarche qui ne peut être que bénéfique aux étudiants. Mais que dit-on d'un département conçu pour accueillir 2000 étudiants, en est bondé de 6000 (sic) entre langues française, anglaise et traduction ? Ce chiffre est considéré par notre interlocuteur comme étant le handicap majeur et une entrave à l'évolution. Plus de 60% des bacheliers optent pour les langues, car ils ont la certitude, à 90%, de trouver un emploi, surtout dans l'enseignement. Une autre raison, et pas des moindres, la post-graduation est très prisée. Le département de langues qui existe depuis 1978 n'a toujours pas l'encadrement adéquat. Sur plus d'une cinquantaine d'enseignants, seuls 24 sont permanents ; le département fait appel à des vacataires, enseignants de lycées, journalistes, et autres diplômés. Après plusieurs années de collaboration avec l'université, certains professeurs, que nous avons rencontrés, parlent d'une situation difficile qui n'est profitable ni à l'étudiant ni à l'enseignant. Les étudiants s'arrachent les chaises car il n'y en a pas assez. Il estime que le temps où l'étudiant n'était qu'un « avaloir de connaissances anarchiques », est révolu. Le LMD répond à un besoin immédiat car il est actuel.