À l'occasion de la sortie de la seconde promotion de traducteurs de l'université M.Khider de Biskra, Abdelwahab Dekhia, docteur en didactique, chef du département de traduction, répond, à cœur ouvert, à quelques questions d'El Watan. Voulez-vous présenter le département de traduction de l'UMK de Biskra ? Ce département existe depuis 2004. Une première promotion de 82 traducteurs est sortie l'année dernière. Cette année, nous en avons 101. En sus des salles de cours et des amphithéâtres, nous avons un laboratoire de langues, une bibliothèque composée de centaines d'ouvrages, dont 200 sur la traduction, et d'un atelier d'informatique doté d'une connexion à Internet. Les étudiants sont formés dans les langues arabe, française et anglaise. Quels débouchés sont offerts aux diplômés en traduction ? A l'ère de la mondialisation globalisation et de l'augmentation des échanges entre les peuples et les continents, le marché du travail est surtout ouvert à ceux qui maîtrisent les langues étrangères. L'enseignement, le tourisme, la culture, l'industrie pétrolière, le secteur des services, tels que la téléphonie et le commerce, confirment leurs besoins en bilingues et en polyglottes chaque jour davantage. Pourquoi les compétences des diplômés, sortis frais émoulus de l'université, sont-elles- souvent décriées par bon nombre d'observateurs et de commentateurs ? Oui, ce genre de discours est devenu une antienne. Chacun estime, à juste titre ou pas, que le niveau des étudiants a baissé. Depuis l'antiquité, chaque génération, poussée par une pulsion naturelle, a mésestimé la génération la suivant. Si l'on évalue nos étudiants par rapport à un idéal à atteindre en termes de maîtrise des langues étrangères, je reconnais que le niveau est en deçà des attentes légitimes de la communauté. Néanmoins, il est acceptable et en perpétuelle progression, et ceci en dépit de la pénurie de professeurs spécialisés en traduction. Pénurie entravant indéniablement l'essor de notre département, lequel fonctionne dans les normes admises. Pourquoi ce manque de spécialistes en traduction ? Nous avons les infrastructures idoines, mais la formation du personnel professoral universitaire dans les langues espagnole, italienne, allemande, chinoise et d'autres encore, n'a pas suivi. Il y a une demande considérable, mais le manque d'enseignants spécialisés limite nos ambitions. Chaque année, le rectorat lance de 4 à 5 offres de recrutement pour les traducteurs confirmés, mais ces appels restent lettre morte. Les postulants ne se bousculent pas au portillon de l'UMK. A ce propos, je tiens à rendre hommage au recteur et au vice-recteur, aux professeurs de l'université de Batna qui se déplacent vers Biskra pour nous aider, aux professeurs de lycée et à tous les assistants qui déploient des efforts pour que ce département existe. Avez-vous des conventions avec d'autres universités nationales ou étrangères ? Nous travaillons en étroite coopération avec l'université de Batna, et nous avons une convention avec l'école doctorale algéro-française de traduction. Le major de la promotion de l'an dernier y est inscrit. Cette année, nous espérons pouvoir y inscrire plusieurs doctorants issus de l'UMK, et ainsi, poursuivre notre difficile cheminement vers le développement de cette filière des sciences humaines qui est l'apanage des sociétés modernes qui en comprennent pleinement l'enjeu. Nous allons doucement, car le mieux est souvent l'ennemi du bien. Avez-vous un message pour les nouveaux bacheliers ? Soyez les bienvenus au département de traduction de l'université de Biskra qui vous offre une formation de qualité, laquelle, tout en constituant une ouverture sur le monde et la culture universelle, propose des perspectives d'embauche rassurante pour tous nos diplômés.