Maupassant lui-même s'y tromperait ! Avions-nous entendu dire à la sortie du spectacle donné au Centre Culturel français, mardi dernier. Devant l'art de conter les anecdotes de la vie du 19ème siècle, Daniel Soulier, dont le talent s'exprime par le langage, s'en est donné à cœur joie sur une mise en scène de Camilla Barnes. Le public, étranger au conte, était subjugué, fasciné par la richesse et les histoires des « Nouvelles de Maupassant ». Un spectacle « né d'une envie de jouer seul, ce défi terrifiant et alléchant. Né d'une envie de plonger dans les textes parmi les plus parfaits, les scènes les plus ciselées de la langue française. Né aussi d'une envie de mettre littéralement en scène de la façon la plus simple, un homme et quatre contes et de les faire pétiller l'un par l'autre », apprendrons-nous avant le spectacle. La trame entre un conte et l'autre reflète d'une recherche logique. Car il est difficile de prendre le départ pour « Une partie de campagne » dans l'œuvre « La Maison Tellier » où Daniel Soulier fait ressortir le ton à la fois attendri et désabusé de M. Dufour à « Miss Hariet » qui fait partie d'un autre registre, l'un des documents les plus explicites sur le travail d'écrivain de Maupassant-conteur qui mêle histoire de peintre, de passion et de mort pour finir dans un bateau de pêche, pour « Le retour », une dernière nouvelle. Daniel Soulier a raconté par bribes tout un art de vivre du monde de Maupassant à travers un mode de pensée et d'être avec pour seul décor une chaise, un chapeau de paille, un fétu de blé, une canne et une chandelle qui s éteindra d'elle-même à la fin du spectacle.