Produit par la compagnie Soulier Barnes et adapté par Daniel Soulier, le spectacle est à ne pas rater. Après Entendons-nous dans les montagnes de Maïssa Bey, la semaine dernière, le Centre culturel français vous invite à nouveau à une adaptation d'oeuvres littéraires, aujourd'hui, à partir de 19h. Il s'agit de quatre contes de Guy de Maupassant: Une Partie de campagne, En mer, Miss Harriet et Le Retour. La mise en scène est signée Camilla Barnes, avec Daniel Soulier. Maupassant est un spectacle né de l'envie d'un comédien de jouer seul ce défi terrifiant et alléchant. Né d'une envie d'un auteur de plonger dans les textes parmi les plus parfaits, les plus ciselés de la langue française. Né d'une envie de mettre littéralement en scène de la façon la plus simple, un homme et quatre contes et de les faire pétiller l'un par l'autre. «Le choix de quatre, seulement quatre, sur plus de trois cents contes, était douloureux, comme de choisir une seule pièce de Shakespeare, un seul disque à emporter sur une île déserte. Nous avons pu rapidement en écarter trois ou quatre qui étaient ´´moins bons´´ que les autres. Restent 296. Le choix final reflète une recherche de logique et d'harmonie. Tous différents, parfois drôles ou touchants, toujours forts et d'une facture parfaite, ces contes suivent une trajectoire cohérente et unique: de la carriole de M.Dufour et des yolès des canotiers dans Une Partie de Campagne nous sautons dans le train Gènes -Marseille dans Idylle puis c'est le break matinal de Léon Chenal dans Miss Harriet pour finir dans les bateaux de pêche du conte Le Retour. Chaque embarcation nous apporte ses propres odeurs, ses propres émotions, ses propres personnages, et ses naufrages. L'élément constant étant le talent inégalé de Maupassant», fait remarquer le metteur en scène, Camilla Barnes. La musique est signée Jacques Cassard.Il y a dans Une Partie de campagne une bonne humeur, une envie de fête, une montée de sève. Nous sommes dans un tableau de Renoir, voire Monet ou Seurat. Dans Idylle, la sensualité est dans la description méticuleuse des odeurs et des paysages. Aussi, dans la douceur bienveillante du regard sur les gens simples, pauvres, humiliés. Ce conte pourrait être scabreux, obscène, s'il n'y avait cette humanité éternelle, cette bonté de l'auteur qui pardonne tout aux gens de bonne volonté. Miss Harriet est une histoire lamentable, au sens propre. L'échec est absolu, consommé. Comme dans une tragédie antique, la pauvre héroïne va vers son destin, vers la mort, à pas comptés...Le Retour est un chef d'oeuvre de cinq pages. Toujours sur la côte normande, mais on ne sait où. Cela n'a pas d'importance; ici plus de description, plus de paysages, plus d'odeurs. Une concision extrême, une épure. Comme s'il s'était efforcé d'utiliser le moins de mots possible. Pas de suspense non plus. On comprend tout de la situation, tout de suite: l'ancien mari perdu en mer voici quinze ans, revient au pays; sa femme s'est remariée... En somme, un concentré d'humanité à ne pas rater ce soir au CCF.