Quatre cent cinquante mineurs, filles et garçons, ont été victimes de violences sexuelles pour la seule année 2006, apprend-on de sources proches des services de médecine légale du CHU d'Oran. Au moins une quarantaine de cas de viol sur mineurs sont recensés mensuellement dans la wilaya d'Oran, mais pour des raisons liées à des tabous de péché incommensurable, les parents préfèrent se taire. « Nous enregistrons une moyenne de 10 cas d'agressions sexuelles commises par des adultes sur des mineurs, dont de jeunes victimes à peine âgées de 8 ou 10 ans », nous explique notre interlocuteur. D'autres raisons sont évoquées par notre source, laquelle tire la sonnette d'alarme sur ce phénomène appelé à prendre des proportions démesurées. « Les parents hésitent longtemps avant de déposer plainte contre les agresseurs sexuels. Une situation qui handicape surtout l'enfant dont la vie se trouve, du jour au lendemain, difficile. Les petits enfants victimes d'abus sexuels sont ainsi voués aux gémonies dès leur jeune âge », observe notre interlocuteur. Selon lui, ce chiffre est loin de refléter la réalité du terrain, dans la mesure où aucune étude exhaustive ou statistique n'a été effectuée par les institutions centrales spécialisées. Avec une prédominance d'agressions sexuelles sur les filles mineures (80%), les garçons viennent en seconde position dans ce peu reluisant palmarès avec 20%. Attitude démissionnaire Notre interlocuteur s'élève contre l'attitude démissionnaire de certains parents. « La dénonciation demeure un interdit qu'il ne faut surtout pas braver, les parents craignant essentiellement pour leur honneur déjà bafoué », affirme notre source. A ses yeux, ce manquement au devoir parental stimule en quelque sorte les agresseurs sexuels qui ne reculent devant rien pour commettre l'irréparable. Depuis 2003, le nombre des agressions sexuelles commises contre les mineurs connaît une courbe ascendante, avec une prévalence dans les communes déshéritées. Mais, ceci explique-t-il cela ? « Nous avons recueilli quelques témoignages de mineurs agressés sexuellement. Ils font ressortir un portrait-robot de l'agresseur sexuel : il est chômeur, paumé et drogué. Il existe aussi des agresseurs au dessus de tout soupçon, à l'exemple de ce père de famille qui a violé une fillette de 8 ans », déclare notre source. Il soulignera dans ce contexte tout le mal subi par ces innocentes victimes dont la vie bascule dans le néant. « La majorité des parents préfèrent changer de lieu de résidence, de wilaya, de ville, de travail et d'école, pour se protéger des médisances des voisins, tout en préservant un semblant de paix à leur enfant traumatisé à vie », précise notre interlocuteur, psychologue en milieu scolaire. A l'heure actuelle, aucune structure d'accueil spécialisée ou cellule d'écoute n'existe pour accompagner les petites victimes dans leur enfance souillée à jamais par des adultes.