Le personnage de Leonardo Fibonacci, connu chez les spécialistes comme premier grand mathématicien de l'Occident chrétien est convoqué sur les planches à Béjaïa, pour un spectacle qui se veut celui célébrant le dialogue entre les civilisations. Un projet vieux de plusieurs années mais que le manque de moyens n'a pas permis de réaliser. L'illustre enfant de Pise (1170-1245) a tout appris à Béjaïa, dont le rayonnement scientifique à l'époque médiévale attirait des étudiants d'un peu partout dans le pourtour méditerranéen et bien au-delà. Le jeune Leonardo a, lui, profité du fait que son père exerçait comme scribe officiel à la douane de la ville pour le compte de la République de Pise ; il s'y est rendu donc pour recevoir l'enseignement des grands maîtres qui officiaient dans la ville. Luca Radaelli, metteur en scène et dramaturge italien, engagé par le Théâtre régional de Béjaïa (TRB) pour monter le spectacle en compagnie d'assistants algériens, tient néanmoins à préciser qu'il ne s'agit point en l'occurrence de donner « un cours d'histoire », mais bel et bien de proposer une pièce qui a sa trame dramatique en prenant la liberté qu'il faut par rapport aux faits historiques. Ainsi, l'on sait que la thématique essentielle de l'amour sera présente dans la pièce, dont le texte a, à plusieurs reprises, été remanié. « C'est à travers la relation amoureuse, situation où s'exacerbent les passions, que les limites de l'échange entre les civilisations seront éprouvées », explique entre autres le metteur en scène qui promet également un croisement d'effets lyriques, arabes, berbères, italiens… Toute l'équipe s'active pour être au rendez-vous du 12 avril prochain, date prévue pour la présentation de l'avant-première de la pièce, la générale étant prévue à Alger durant la première semaine du mois de juin. La troupe, constituée à l'issue d'un casting qui a vu défiler de nombreux jeunes, travaille malheureusement dans des conditions qui sont loin d'être idéales. Les locaux du théâtre sont en effet en plein travaux de réfection et le metteur en scène et ses assistants dirigent les comédiens sur fond de coups de masses et des cris des ouvriers. Un ennui auquel s'ajoute, selon M. Radaelli, celui de ne pas pouvoir disposer de certains équipements techniques, mobilisés par la tournée qu'effectue la pièce Le fleuve détourné, un autre spectacle produit récemment par le TRB. Mais l'homme ne se dit pas découragé pour autant, puisqu'il reste emballé par l'idée de participer au montage d'un spectacle dont le contenu représente un exemple sur ce que peut être le dialogue entre les civilisations. Il souhaite même trouver un circuit pour faire tourner la pièce, dont la langue du jeu est l'arabe, en terre d'Italie.