Si le patrimoine de l'Emir Abdelkader dans sa ville d'exil, Damas, a subi des dégradations énormes, comme l'a récemment révélé une chaîne de télévision française, heureusement que dans la wilaya de Aïn Defla, et plus précisément à Miliana, une ville si chère à l'Emir, une structure précieuse a repris vie. Il s'agit de la manufacture d'armes de l'Emir. Celle-ci, située en contrebas des vieux remparts, domine une grande partie de la plaine du Cheliff. Du coup, on comprend pourquoi l'Emir avait construit la forgerie sur ce site. Par ailleurs, à cet endroit, coulaient en abondance les eaux de l'oued El Annaser, alors principale source d'énergie hydraulique qui faisait fonctionner l'équipement de l'usine. En outre, on signalait une abondance de la matière première dans les environs telle que le minerai de fer, de bois). Cette structure, selon B. Abbas Kebir, archéologue, est la plus riche en histoire et pas moins de dix ouvrages lui sont consacrés, écrit notamment par des militaires du corps expéditionnaire français, à l'image des colonels Fabre, Vallée ou encore Daumaze, Rozet dans ses « carnet de guerre ». Pour l'histoire, c'est le traité de la Tafna signé en 1937 qui donne des garanties à l'Emir pour la réorganisation des fondements de son Etat. C'est ainsi qu'il édifia en 1839 sa manufacture d'armes à Miliana où il y venait souvent pour superviser lui-même les travaux, aidé par le nommé Alquier Cazes, ingénieur minéralogiste français, et d'un grand nombre d'ouvriers européens déserteurs pour la plupart des prisonniers. A signaler que le bâtiment fut transformé en moulin à farine en 1845, soit cinq années après l'occupation de Miliana par l'armée française, le 8 juin 1840. plus tard, il n'en subsistera que la façade extérieure. Et c'est en août 2003, lors de la visite du président de la République, que le projet de restauration de cette œuvre était inscrit et les travaux lancés en 2005. Sauvée in extremis, poursuivra notre interlocuteur, lequel ajoutera que l'usine de Miliana est la seule qui existe à présent. B. Abbas Kebir tiendra à souligner que la sauvegarde de ce monument historique a pu se faire grâce également à l'intérêt que porte le chef de l'Exécutif au patrimoine, sachant que ce dernier est lui-même architecte. Aujourd'hui, aussi bien Djamel Touat, B. A. K., archéologues ayant supervisé les travaux et tous les adeptes de l'Emir et jaloux du patrimoine universel peuvent se réjouir puisqu'il ne reste plus que les aménagements extérieurs et les équipements à fournir. Rappelons seulement que les travaux de reconstitution et de restauration confiés à une entreprise locale spécialisée dans la restrauration des monuments historiques et sites archéologiques, ont nécessité, par ailleurs, des recherches approfondies pour préserver tant que faire se peut le cachet architectural de l'œuvre et respecter ainsi la mémoire de ses édificateurs. Il reste seulement à souhaiter que la gestion de ce monument historique soit confiée à des professionnels soucieux de la préservation du patrimoine car inévitablement, tout le site est appelé à jouer un rôle important, notamment sur le plan touristique. Ce ne serait que justice pour Miliana, une ville gâtée par la nature et marquée par l'histoire et la culture.