La situation des familles sans-papiers d'enfants scolarisés s'est introduite, incidemment, dans la campagne pour la présidentielle. Le ton se durcit, la polémique s'installe. La mobilisation s'organise. Paris : De notre bureau Le 20 mars, les policiers, qui procédaient à des contrôles d'identité à proximité de l'école maternelle de la rue Rampal, dans le quartier de Belleville, avaient interpellé un grand-père chinois sans titre de séjour venu chercher un enfant dans l'établissement, selon des parents d'élèves et militants syndicaux sur place. L'opération s'était soldée par des heurts et l'usage de gaz lacrymogènes. Cette opération policière et le placement en garde à vue de la directrice de l'école ont provoqué une levée de boucliers syndicale et politique à gauche. Derrière cette affaire, se profile un durcissement du traitement de la situation des familles sans-papiers d'enfants scolarisés. Il pourrait y avoir des expulsions « avant juillet » a annoncé le ministre de l'Intérieur François Baroin, ajoutant qu'il ne reconduirait pas le sursis instauré par Nicolas Sarkozy le temps de l'année scolaire. L'ancien ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, qui a quitté le gouvernement lundi matin pour se consacrer pleinement à sa campagne électorale, avait instauré fin 2005 une trêve des expulsions de familles ayant des enfants scolarisés, jusqu'à la rentrée de septembre 2006. François Baroin a précisé qu'« il y a 24 000 départs qui ont été effectués en 2006, et on est à 25 000 départs programmés pour cette année ». En revanche, « il n'y aura pas d'expulsions massives et brutales. Il y aura un traitement au cas par cas, individualisé, mais l'application ferme et juste de la loi républicaine ». Alors qu'il était ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy avait prévu de limiter à 6000 les régularisations exceptionnelles de sans-papiers parents d'enfants scolarisés, sur 30 000 demandes. Indignation Les syndicats d'enseignants du premier degré ont appelé à une grève et à une manifestation, vendredi à Paris. Les principales organisations lycéennes ont décidé de se joindre à ce mot d'ordre. Pour sa part, Réseau éducation sans frontières (RESF) a organisé un rassemblement dans le quartier Belleville à Paris jeudi matin pour exiger l'abandon de toute poursuite contre la directrice de l'école, ainsi que la régularisation des parents sans-papiers. « C'est vrai qu'aller rafler des parents ou des grands-parents devant les écoles devant les yeux des enfants, ce n'est pas à ça que la France veut ressembler. En tout cas, ça ne sera pas ma façon de faire », a déclaré la candidate socialiste sur LCI. « Des enfants scolarisés doivent pouvoir poursuivre leur scolarisation dans les écoles. Ensuite, sur la question de la régularisation des parents, le principe est là : on ne doit pas séparer les enfants des parents », a estimé la candidate du PS sur Canal+. « Leurs parents doivent pouvoir rester sur le territoire », a-t-elle jugé, précisant que le Parlement aurait « à en débattre ». Elle a souligné qu'il faudrait « faire du cas par cas » et ne « pas non plus ériger (...) en norme des contournements » de la loi. Le Premier secrétaire du PS François Hollande a, pour sa part, précisé qu'il faudrait éviter les « abus ». « Il ne peut pas être possible d'expulser un enfant et sa famille tant que ses enfants sont scolarisés, mais il faut éviter aussi lors de l'inscription des enfants qu'il puisse y avoir des abus », par exemple « qu'une personne venant avec un visa touristique puisse utiliser ce moment pour inscrire ses enfants », a-t-il dit lors d'un point de presse. « Il faut mettre un peu de vigilance ». François Hollande a confirmé que le PS ne demande pas de « régularisation globale et massive » des sans-papiers.