De son départ de l'Intérieur, hier matin, pour se consacrer totalement à sa campagne à l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a voulu faire un événement solennel teinté de nostalgie. Paris : De notre bureau Il a terminé son intervention à l'adresse des fonctionnaires de son ministère par cette boutade : « Regardez le ciel (un ciel bleu éclatant), je pense que la baraka fait partie de la bonne gestion », et d'ajouter qu'il n'aurait qu'« à traverser le trottoir » (allusion au palais de l'Elysée qui est en face de la Place Beauvau). Nicolas Sarkozy a été ministre de l'Intérieur de mai 2002 à mars 2004, puis de juin 2005 à mars 2007. Il a présenté sa démission au Premier ministre hier matin. Le chiraquien François Baroin, ancien ministre de l'Outre-mer, le remplace place Beauvau. Avant de se rendre à Matignon, Nicolas Sarkozy a été reçu à l'Elysée par Jacques Chirac durant une trentaine de minutes. Nicolas Sarkozy s'est déclaré désormais « libre d'aller vers les Français ». Début avril, il fera diffuser massivement un document intitulé « Mon projet pour la France ». Nicolas Sarkozy revendique, de sa gestion du ministère de l'Intérieur, un bilan salué par sa famille politique mais critiqué par la gauche et les défenseurs des droits de l'homme qui l'accusent d'avoir échoué dans les cités, où les mots « racaille » et « karcher » ne lui sont pas pardonnés, et d'avoir durci la gestion de l'immigration. Dès son arrivée Place Beauvau, Nicolas Sarkozy impose une rupture de ton, de méthode et de politique. Il introduit la « culture du résultat », en demandant aux fonctionnaires de police de se fixer « des objectifs quantifiés » de réduction de la criminalité. Des moyens matériels, financiers, humains et législatifs importants ont suivi. Nicolas Sarkozy est surtout attaqué sur le dossier de l'immigration. Il a fait voter deux lois sur l'immigration : la première en novembre 2003, la seconde en juillet 2006. Il annonce une troisième s'il est élu président de la République. Des lois qui se caractérisent par leur « nature répressive », selon les associations de défense des immigrés. La loi de 2006 supprime la possibilité pour les sans-papiers présents en France depuis plus de dix ans de pouvoir régulariser leur situation et obtenir un titre de séjour de « plein droit ». De même que la carte de dix ans est soumise à des conditions laissant au préfet le pouvoir d'apprécier. Des jeunes issus de l'immigration se sont inscrits en nombre sur les listes électorales avec l'idée de « barrer la route à Sarko », avancent des analystes. Le candidat de l'UMP n'a toujours pas fait campagne dans les banlieues, contrairement à ses adversaires. « Je n'ai jamais fait d'amalgame entre les jeunes des quartiers et les voyous », s'est défendu l'ex-ministre de l'Intérieur. Il déclare « tout assumer ». « J'ai rompu avec les discours complaisants, ambigus et laxistes dont les premières victimes étaient les plus vulnérables, les moins fortunés, et par là même, les moins écoutés. » Ségolène Royal a stigmatisé l'échec de Nicolas Sarkozy à la tête du ministère de l'Intérieur, quelques heures avant son départ de la place Beauvau pour devenir candidat à la présidentielle à plein temps. Il est temps que le candidat de l'UMP rende des comptes, a déclaré la candidate socialiste sur Canal+. « On a vu monter la délinquance de masse, au sens où les atteintes aux personnes ont augmenté de plus de 80% », a-t-elle dénoncé. « On observe aussi que la question des banlieues n'est pas résolue. Les émeutes dans les banlieues (...) n'ont fait l'objet d'aucune mesure en profondeur », a-t-elle déploré. « Aujourd'hui, la colère gronde dans les quartiers, les problèmes ne sont pas réglés, les services publics n'ont pas été rétablis, la police de proximité a été supprimée », a souligné la candidate du parti socialiste.