Ils sont une quarantaine de taximen à exercer au niveau de la station qui leur est affectée à côté de la gare routière. Détenteurs de licence d'exploitation, ils gagnent leur vie au volant et à la sueur de leur front. Mais depuis quelque temps, des clandestins viennent chasser sur leur territoire. Clés en main, ces derniers font le guet devant le parvis de la gare à l'affût des clients qui affluent en grand nombre. « Ayaw la ville, la sortie ! », s'époumonent des jeunes indifférents au tohu bohu de la circulation piétonnière qui assiège les lieux. Le prix « modeste » de la course aguiche le voyageur épuisé qui s'empresse de s'engouffrer avec enfants et bagages dans la voiture. Cent dinars pour une petite course, le double un peu plus loin, les affaires prospèrent pour eux contrairement aux chauffeurs de taxi qui peinent à rentabiliser leur journée. Sans papiers d'activité, les fraudeurs opèrent en toute impunité, au vu et au su de tout le monde, à une centaine de mètres de la sûreté de wilaya. « C'est inadmissible », tempête un père de famille ayant quinze ans d'exercice à son compteur. Comme lui, ils sont unanimes à protester contre cet état de fait. Ils disent avoir envoyé des requêtes et des pétitions aux autorités concernées. Ne voyant rien venir, ils haussent le ton et décrètent un arrêt de travail. « On ne sait vraiment pas où donner de la tête ni à quelle autorité se vouer », ajoute dépité notre interlocuteur. D'autres taximen se joignent à la discussion pour apporter leur témoignage. Ils affirment faire souvent l'objet d'intimidations de la part de leurs rivaux qui se sont arrogés, indûment et à la barbe des services de sécurité, un parc de stationnement à l'intérieur de la cité 5 Juillet jouxtant la gare routière et un autre juste derrière la passerelle : « Nous réglons une facture d'impôts, d'assurance et de droit de place de pas moins de 20 000 DA par an sans compter les charges de la Casnos, alors qu'en face, des fraudeurs sans foi ni loi dressent une véritable barrière pour happer les clients. Ce n'est pas à nous de les rappeler à l'ordre. Où est l'Etat ? », s'indignent les contestataires. Les taxis clandestins pullulent à Tizi Ouzou. Ils essaiment plusieurs stations. Aucune localité n'échappe à ce phénomène qui a tendance à prendre de l'ampleur. Il n'y a pas que les chômeurs à investir ce créneau, juteux, il faut le dire. Des pères de famille, des fonctionnaires et des enseignants « pigent » secrètement avec leurs véhicules pour arrondir les maigres fins du mois.