La guerre froide entre les chauffeurs de taxis réguliers et les clandestins à Guelma s'accentue avec le temps. Cependant, ni les réclamations, encore moins les pétitions en direction des autorités compétentes pour chasser ces intrus du secteur des transports publics n'ont visiblement abouti. Aujourd'hui, c'est devenu un gagne-pain complémentaire pour une importante frange des salariés des secteurs privé et public. Ils cohabitent en toute impunité avec les chauffeurs de taxis qui, eux, nous dit-on, payent leurs impôts : Casnos, location de licences et nous en passons. Les clandestins à Guelma ont gagné du galon, ce n'est plus la vieille Renault 4, déglinguée, et à son bord un chômeur longue durée, qui tente de nourrir ses enfants, mais plutôt, des véhicules flambant neuf qui s'affichent au vu et au su de tout le monde. Il a fallu qu'un chauffeur de taxi nous invite à faire une ballade à Guelma-ville pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène. Ainsi, chaque station de taxis réglementaire a un vis-à-vis clandestin : gare routière de Guelma, hôpital Okbi, Boulevard du Volontariat, Boulevard Souidani Boudjemaâ, ex-gare ferroviaire, etc., soit plus d'une quinzaine de stations (transport individuel) que nous avons vues. A la limite de la provocation, les clandestins « racolent » les clients au nez et à la barbe des chauffeurs de taxis, souvent pour le même prix (la course à 70 DA). Vers 19 h, le nombre de taxis clandestins quadruple à Guelma-ville. Un chauffeur de taxi résigné à l'anarchie qui règne dans ce secteur des transports publics nous a confié qu'un clandestin lui a dit : « Tu n'en a pas assez pour aujourd'hui ? Rentre chez toi, et laisse-nous travailler ». Et dire qu'un service de la sûreté de wilaya est chargé de faire appliquer la réglementation en vigueur ! Nullement inquiétés, les clandestins s'en mettent plein les poches. Certains se sont spécialisés dans les longs trajets interwilayas et même au-delà de nos frontières.