Les pouvoirs publics rejettent les revendications salariales des différents syndicats de médecins. Le message est porté par le communiqué du Conseil de gouvernement répercuté hier par l'agence officielle APS. « Le gouvernement attaché au dialogue social ne saurait accepter de se laisser entraîner dans des revendications salariales populistes qui mettent en danger les finances publiques », y est-il écrit. Il est souligné que les salaires évolueront à l'avenir en Algérie, « comme partout ailleurs dans le monde, par référence à la croissance et à l'inflation ». Autrement dit, les autorités ne procéderont à aucune revalorisation salariale. Cela avait été suggéré ces dernières semaines, et par des mots enrobés, par le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, partisan des restrictions budgétaires. Hier, le ministre de la Santé, Mourad Redjimi, a annoncé, lors du Conseil de gouvernement, que l'ensemble des catégories des personnels médicaux et paramédicaux ont connu ces deux dernières années « des augmentations appréciables de leurs revenus, salaire et indemnités compris ». Selon lui, des personnels paramédicaux ont obtenu des augmentations variant entre 26 et 32%. Quant aux médecins spécialistes, praticiens de la santé publique, ils ont bénéficié d'une augmentation de 85% avec un revenu brut passé de 32 100 DA à 59 700 DA et un revenu net passé de 26 500 DA à 44 500 DA », a-t-il précisé. M. Redjimi a, dans un récent entretien à El Watan, déclaré qu'il était « indécent » qu'un corps qui a obtenu plus de 60% d'augmentation en deux ans « tienne un discours fait de dérives verbales ». « Ce qui peut paraître une urgence pour un syndicat sectoriel peut ne pas être prioritaire au niveau national », a-t-il dit. « Nos principales revendications ne sont pas concrétisées et nous nous retrouvons face à un double langage », estime, pour sa part, Mohamed Yousfi, président du Syndcat national des praticiens spécialistes (SNPSSP, lire entretien en page 2). Le SNPSSP est en grève depuis le 18 octobre 2004. Au début de ce mois, le Syndicat des maîtres assistants en sciences médicales a reproché au ministre de la Santé de ne pas respecter ses engagements. Ce syndicat revendique une indemnité hospitalière et une prime de performance. « Outre des revendications salariales, les médecins spécialistes pratiquants de la santé publique prétendent accéder aux grades de spécialiste principal et de principal en chef sans subir de concours, et cela au mépris de la science et des malades », est-il relevé dans le communiqué du Conseil de gouvernement. Gouvernement qui dénonce ce qu'il appelle le détournement du droit de grève dans le secteur de la santé, « un détournement sacrifiant les malades ». A ce propos, l'Exécutif envisage, selon le quotidien El Khabar, de prendre des mesures disciplinaires contre les grévistes de tous les secteurs. Des mesures légales ? Question ouverte. Pour le secteur de la santé, la cause est entendue. Le Conseil de gouvernement a mandaté le ministre de la Santé pour prendre plusieurs mesures : « Veiller au respect de la circulaire relative au non-paiement des journées de grève, déposer plainte auprès des tribunaux contre les syndicats qui entravent le service public de la santé, notamment par le recours à la grève illimitée, d'engager les procédures légales de licenciement des personnels en grève illimitée qui sont considérés en abandon de poste. » Remise en cause du droit de grève ? Autre question ouverte. Les pouvoirs publics paraissent décidés à faire plus. En témoigne cette autre décision du gouvernement de recourir aux sanctions « autant que de besoin face à tout mouvement de grève illimitée ainsi que face à toute entrave au service public sans respect des obligations légales de service minimum ». Ces mesures sont prises quelques jours seulement après la bipartite, espace de « dialogue social », entre l'ex-syndicat unique UGTA et le gouvernement. Bipartite arrivée à un semi-échec. « Le gouvernement responsable du bon déroulement du service public s'est attelé à la finalisation du statut général de la Fonction publique avec la batterie de statuts particuliers qui en découleront », est-il ajouté dans le communiqué d'hier. Manière, peut-être, d'atténuer des craintes nées parmi les fonctionnaires de l'Etat quant à la dépermanisation qui, à la longue, signifie perte d'emplois.